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"Plus il y a des jours de carence, plus la durée des arrêts s'allonge": Marylise Léon (CFDT) reste opposée à la baisse de l'indemnisation des arrêts de travail

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Invitée de RTL, la leader de la CFDT a une nouvelle fois remis en cause les mesures les plus impopulaires du plan d'économies élaboré par l'ancien Premier ministre François Bayrou et son gouvernement démissionnaire.

Sébastien Lecornu ciblera-t-il les arrêts de travail dans le prochain budget? Pour la Secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, le nouveau Premier ministre ferait en tout cas fausse route, surtout s'il reprend l'idée défendue par son prédecesseur, François Bayrou, d'allonger la durée de carence des arrêts maladie.

"Ce n'est pas en mettant des jours de carence en plus qu'il y aura moins d'arrêts de travail. Plus il y a des jours de carence, plus la durée des arrêts s'allonge", a-t-elle insisté au micro de RTL ce jeudi 2 octobre.

Le gouvernement démissionaire s'appuyait pourtant sur les recommandations de l'Assurance maladie, détaillées dans son rapport "charges et produits" publié en début d'été, un document censé éclairer les pouvoirs publics en vue du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026.

Il y est proposé d'allonger la période de carence de 3 à 7 jours et de compenser cette mesure par une indemnisation au moins partielle de cette durée par l'employeur ou sa couverture prévoyance collective. En contrepartie pour les employeurs, il est aussi suggéré d'appliquer un jour de carence d'ordre public, c'est-à-dire ni indemnisé par l'Assurance maladie, ni par l'entreprise, comme cela existe déjà dans la fonction publique.

Pas d'études sur l'effet de la durée de carence depuis dix ans

Ces mesures ont été reprises cet été par la ministre du Travail du gouvernement démissionnaire, Astrid Panosyan-Bouvet, qui les a présentées dans des documents de travail transmis fin juillet aux partenaires sociaux. Mais patronat et syndicats sont loin d'être raccords sur la question. Si les patrons espèrent réduire l'absentéisme dans les entreprises en allongeant et/ou indemnisant moins les arrêts maladie, les syndicats sont persuadés du contraire. Le problème, c'est que peu d'études récentes permettent de trancher le débat.

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Dans la fonction publique, des rapports de courtiers en assurances relatent que les arrêts sont moins fréquents, mais plus longs. Une dynamique qui s'expliquerait en partie par l'existence d'un jour de carence d'ordre public, pas du tout rémunéré, qui pousserait les agents à réfléchir à deux fois avant de revenir à leur poste. Et pour cause, en cas de rechute, ils seraient plus perdants financièrement de revenir au travail puis d'être à nouveau arrêtés, plutôt que de solliciter une prolongation de leur arrêt auprès de leur médecin.

Dans le secteur privé, la dernière étude a été menée par la Drees, l'organisme statistique rattaché aux ministères sociaux, et date de janvier 2015. Celle-ci conclut que les salariés couverts par leur employeur ou leur prévoyance durant la période de carence "n'ont pas de probabilité plus élevée" d'être arrêtés dans l'année, "mais ont des durées totales d'arrêt maladie significativement plus courtes".

Caroline Robin