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"Pas de mesurettes", "on veut l'abrogation de la réforme des retraites"... Après avoir fixé son ultimatum, l'intersyndicale au complet est reçue par Sébastien Lecornu

Le secrétaire général de FO Frédéric Souillot, ses homologues de la CFDT Marylise Léon et de la CGT Sophie Binet, lors d'ue conférence de presse à l'issue d'une réunion intersyndicale, le 29 août 2025 à Paris

Le secrétaire général de FO Frédéric Souillot, ses homologues de la CFDT Marylise Léon et de la CGT Sophie Binet, lors d'ue conférence de presse à l'issue d'une réunion intersyndicale, le 29 août 2025 à Paris - STEPHANE DE SAKUTIN © 2019 AFP

L'intersyndicale est reçue à Matignon, mercredi 24 septembre, pour tenter d'arracher des mesures de rupture au Premier ministre Sébastien Lecornu, qui cherche lui une majorité à l'Assemblée nationale.

Sébastien Lecornu peut-il éviter une nouvelle journée de manifestations? Le Premier ministre, toujours sans gouvernement et en quête de moyens pour boucler un budget, reçoit, mercredi 24 septembre, l'intersyndicale, qui lui demande des signes forts de rupture.

A 10H30, CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires seront reçus ensemble à Matignon, cinq jours après avoir fixé leur "ultimatum" à Sébastien Lecornu à la suite d'une journée de mobilisation bien suivie contre l'austérité et pour la justice fiscale.

Depuis son arrivée à Matignon, où il avait d'emblée promis "des ruptures", "sur le fond" et "pas que sur la forme", le Premier ministre a déjà noué contact avec les partenaires sociaux en recevant d'abord les organisations représentatives une à une. Il a cette fois, c'est plus inhabituel, invité l'ensemble des composantes de l'intersyndicale.

L'abrogation de la réforme des retraites en ligne de mire

"Si nous n'avons pas une réponse favorable à l'ensemble de nos revendications, nous appellerons immédiatement à une nouvelle journée de grève et de manifestations", a averti mardi, au micro d'Ici Limousin, la numéro un de la CGT Sophie Binet à Limoges, où elle célébrait les 130 ans de son syndicat.

"On ne va pas là-bas pour en sortir de façon certaine en disant qu'on appelle à une nouvelle journée", mais "dans l'espoir qu'on aura suffisamment d'éléments", de "signaux", a estimé mardi sur RMC le président de la CFE-CGC, François Hommeril.

"On est un peu sa dernière chance et lui-même, le Premier ministre, est un peu notre dernière chance à nous", estime François Hommeril.

Abandon du recul de l'âge de départ à la retraite à 64 ans, du doublement des franchises médicales, du gel des prestations, d'une nouvelle réforme de l'assurance chômage, mais aussi "conditionnalité sociale et environnementale des aides publiques aux entreprises privées"... La liste des exigences syndicales est longue et la suspension - a minima - de la réforme des retraites de 2023 y occupe une place centrale.

"Nous voulons l'abrogation de cette réforme des retraites puisque c'est la source de tous les problèmes", a redit Sophie Binet, voyant dans le "passage en force" d'Emmanuel Macron sur ce dossier l'origine de la "crise démocratique" en cours.

Chez Solidaires, on assume aussi de "mettre la barre haut" pour cette rencontre avec le Premier ministre "parce qu'il y a urgence à une rupture pour les plus précaires", explique l'une des deux co-déléguées générales, Murielle Guilbert. Sur les retraites, "des mesurettes sur la pénibilité ou le droit de femmes, même si elles sont aussi nécessaires, ne seront pas à même de calmer le jeu", prévient-elle.

De son côté, la CFDT "attend des ruptures sur le contenu, les objectifs, le cadre", souligne son numéro 2, Yvan Ricordeau. "Mais là-dessus, on n'a rien" depuis son arrivée, constate-t-il. Face à eux, le Premier ministre n'a que peu laissé filtrer ses intentions.

Un nouvelle journée de mobilisation sans annonce forte du Premier ministre

Comme "les négociations avec les différents partis politiques pour une coalition ou plutôt une coalition de non-censure" continuent, Cyril Chabanier de la CFTC ne s'attend pas à des réponses sur tous les sujets qui fâchent dès mercredi.

Il espère toutefois des "gestes d'ouverture forts", telle que la non-application de l'année blanche - le gel des prestations - "a minima" aux retraités et aux salariés les plus modestes ou l'annulation de la lettre de cadrage sur l'assurance chômage. De la CGT à la CFTC, on souligne l'ampleur de la colère qui s'est exprimée dans la rue le 18 septembre.

"Il y a un million de personnes qui ont exprimé leur colère, elles ne vont pas rentrer chez elles comme ça", prévient Denis Gravouil de la CGT.

A l'issue de la rencontre, l'intersyndicale se réunira rapidement pour décider de la suite. Marylise Léon, la cheffe de file de la CFDT, sera aussi l'invitée du 20H de France 2. Sans annonce forte, une nouvelle manifestation pour maintenir la pression sur le Premier ministre avant son discours de politique générale, semble probable.

Le Premier ministre recevra aussi les organisations patronales mercredi après-midi. Le patron du Medef, Patrick Martin, dénonce les "théories dangereuses pour nos entreprises" qui alimentent le débat, comme la taxe Zucman. Il a annoncé mardi un "énorme meeting" de toutes les organisations patronales "dans quelques jours".

P.Le. avec AFP