"Vos actifs sont gelés, vous pouvez être arrêtés à l'aéroport": Thomas Piketty répond aux grandes fortunes qui refuseraient de payer la taxe sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros

Thomas Piketty, économiste. - MATTHIEU ALEXANDRE / AFP
"C'est le strict minimum." L'économiste Thomas Piketty estime que la taxe Zucman, qui propose d'imposer à 2% le patrimoine des grandes fortunes de plus de 100 millions d'euros et pourrait rapporter entre 20 et 25 milliards par an à la France, est le minimum à mettre en place.
Dans une interview à Bloomberg, l'économiste estime que cette taxe, élaborée par l'économiste Gabriel Zucman, n'est d'ailleurs pas assez importante, "compte tenu de l’ampleur de la dette publique et de l’ampleur de tous les nouveaux investissements nécessaires".
Les grandes fortunes françaises contre la taxe Zucman
Face à cette proposition, soutenue par la gauche, plusieurs grandes fortunes et figures du patronat ont fait savoir qu'ils ne paieraient pas une telle taxe si celle-ci était mise en place, menaçant de fait les législateurs de fuir fiscalement le pays.
Le patron de Mistral, valorisé à 11,7 milliards d'euros, Arthur Mensch, a déclaré qu'il "ne pourrait évidemment pas payer" une taxe de 2% sur son patrimoine. Le co-fondateur du champion européen de l'IA a levé 1,7 milliard d'euros début septembre, mais cette somme est destiné à réaliser des investissements, se défend Arthur Mensch.
Le patron des patrons, le président du Medef, Patrick Martin, a menacé d'une "grande mobilisation patronale" si les impôts des entreprises augmentent, tandis que le patron de Leclerc, Michel-Edouard Leclerc a qualifié la taxe Zucman "d'épouvantail".
Bernard Arnault, la plus grande fortune française, et dans le top 10 des plus grandes fortunes mondiales, s'est lui directement attaqué à Gabriel Zucman, le qualifiant de "militant d'extrême gauche".
En réponse à cette offensive du patronat, Thomas Piketty propose de mettre en place un mécanisme de taxation lié aux nombres d'années vécues en France, afin d'éviter que les grandes fortunes ne quittent le pays pour échapper à l'impôt.
"Si vous ne la payez pas, vous vous mettez dans la même position que quiconque décide de ne pas payer d'impôt - vos actifs peuvent être gelés, vous pouvez être arrêtés à l'aéroport", développe-t-il. "C'est la vie des gens normaux", conclut l'économiste.