BFM Business
Finances publiques

Respecter "la vérité et les faits": Gabriel Zucman réplique à nouveau aux critiques de Bernard Arnault sur sa taxe

placeholder video
Le PDG du numéro un mondial du luxe LVMH, a accusé samedi Gabriel Zucman de mettre "au service de son idéologie (...) une pseudo-compétence universitaire", le qualifiant de "militant d'extrême gauche", dans le journal britannique Sunday Times.

L'économiste Gabriel Zucman a jugé dimanche auprès de l'AFP que le milliardaire Bernard Arnault, qui l'a qualifié de "pseudo-universitaire", devait mener le débat sur la taxe sur les plus hauts patrimoines "dans le respect de la vérité et des faits".

"On peut avoir des désaccords de fond, et Bernard Arnault a droit, comme tous les citoyens, à ses opinions. Mais ce débat doit avoir lieu dans le respect de la vérité et des faits", a déclaré par mail l'économiste à l'origine de cette proposition, contacté par l'AFP.

Bernard Arnault, PDG du numéro un mondial du luxe LVMH, a accusé samedi Gabriel Zucman de mettre "au service de son idéologie (...) une pseudo-compétence universitaire", le qualifiant de "militant d'extrême gauche", dans le journal britannique Sunday Times.

"M. Arnault a tort de remettre en cause mes qualifications professionnelles en parlant à mon égard de 'pseudo-compétence universitaire'. Avec la montée du trumpisme, j'ai vu fleurir ce discours dénigrant les savoirs et la recherche aux Etats-Unis", a mis en garde Gabriel Zucman.

"Discours dénigrant"

L'économiste a en outre indiqué ne pas être en relation avec le Premier ministre Sébastien Lecornu. Sa proposition de taxe est l'un des sujets-phare des discussions qu'il mène avec les partis politiques, en vue de la préparation du prochain budget.

Gabriel Zucman avait dès samedi soir répliqué au patron de LVMH sur X: "bonjour M. Bernard Arnault, la fébrilité n'autorise pas la calomnie".

"J'ai été très surpris par le caractère caricatural de vos attaques. Vos propos me visant sortent du domaine de la rationalité et sont sans fondement", déplorait-il.

"Je n'ai jamais été militant dans aucun mouvement ni encarté dans aucun parti. Je n'ai pour seule activité que mon travail de chercheur et d'enseignant", rétorquait encore le professeur à l'École normale supérieure et à l'université de Berkeley.

"Truc absurde"

La taxe Zucman consisterait à taxer à hauteur de 2% par an les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros, ce qui concerne 1.800 foyers fiscaux, et permettrait de lever 20 milliards d'euros - moins selon d'autres experts.

Cette mesure attise la vindicte des milieux d'affaires français: "frein à l'investissement" pour le Medef, "truc absurde" fleurant "une histoire de jalousie à la française" pour le patron de Bpifrance Nicolas Dufourcq.

"Ces réactions - comme celle de Bernard Arnault disant que l'impôt plancher mettrait à terre l'économie française - sont déconnectées de la réalité", a estimé Gabriel Zucman.

OC avec AFP