Négotiation des prix alimentaires: le patron de Système U dénonce le silence radio des industriels

Côté industriels, c'est le silence radio ou le refus. Le patron de Système U Dominique Schelcher, à l'instar de ses confrères, a dénoncé lundi matin l'absence de réponse des grands groupes de l'agroalimentaire aux invitations répétées des distributeurs et du gouvernement à rediscuter des prix alimentaires. A la table des négociations, il manque une des parties prenantes.
"Il n'y a aucun mouvement"
Depuis plusieurs mois déjà, les prix de l'alimentaire explosent, obligeant beaucoup de Français à se resteindre. Le mois dernier encore, les produits frais prenaient plus de 10% sur un an tandis que le prix des autres aliments augmentaient de presque 16%. Pour tenter de contrer cette inflation galopante, le gouvernement a mis en place un trimestre anti-inflation, qui s'étendra au-delà de trois mois, et soutient le retour des discussions entre distributeurs et industriels. Mais il y a un hic: les industriels sont réticents.
"Chez Système U, nous avons écrit à 300 entreprises" et "il n'y a aucun mouvement," explique Dominique Schelcher au micro de BFMTV et RMC.
"Au moment où on se parle ce matin, malgré la lettre des ministres, malgré notre invitation, malgré tous les débats qui ont lieu ces derniers jours, il n'y a pas un mouvement dans le sens d'une réouverture des négociations," continue-t-il.
Pas de mouvement vers la table des discussions mais quelques mouvements en sens inverse selon Dominique Schelcher qui dit avoir reçu 7 ou 8 lettres d'industriels qui lui ont fait savoir qu'ils ne renégocieraient pas les prix cette année.
L'année dernière, les industriels s'empressaient de venir renégocier avec Système U
Une situation paradoxale pour le patron de Système U qui se rapelle de l'empressement des grandes entreprises agroalimentaires à contacter Système U l'année dernière pour rediscuter des prix. Mais à l'époque, il s'agissait de les augmenter, précise-t-il.
"L'année dernière, on a eu le même appel dès le 1er mars pour rouvrir les négotiations et on a eu des centaines de demandes," dit-il. "Pourquoi? Parce que le prix des matières premières augmentaient."
Aujourd'hui, les matières premières et de nombreux autres produits s'échangent à la baisse, ce qui justifierait également de revoir les prix, explique-t-il.
Mais les industriels n'ont pas d'obligation de redicuster des prix qui ont été fixés, avec difficulté, en début d'année. La France est d'ailleurs une exception européenne car dans tous les autres pays du bloc, les négotiations se font plusieurs fois par an, permettant ainsi une plus grande flexibilité.