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Inflation alimentaire: les distributeurs dénoncent le refus des industriels de renégocier les prix

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De Michel Edouard Leclerc à Thierry Cotillard en passant par Michel Biero, les patrons de plusieurs groupes de grande distribution pointent du doigt l'absence de réponse des industriels à leurs invitations à revenir à la table des négociations.

La grogne monte encore un peu plus dans les rangs des distributeurs. Alors que Bruno Le Maire souhaite que se rouvrent rapidement les négociations commerciales pour entamer une baisse des prix dans les rayons des grandes surfaces, les industriels semblent faire la sourde oreille aux sollicitations des groupes de la grande distribution. Sur le plateau de Franceinfo ce matin, le président du groupement Les Mousquetaires, Thierry Cotillard, s'est dit halluciné par l'absence de réponse d'industriels pour rouvrir ces négociations.

"On leur envoie un courrier, on leur demande la réciprocité, a indiqué le président du groupement Les Mousquetaires. La réponse est très claire: ils ne donnent pas de suite au courrier."

Même son de cloche du côté de Michel Biero qui était invité sur le plateau de BFMTV mercredi soir. "J’ai envoyé en parallèle du courrier de Bruno Le Maire, un courrier à toutes ces multinationales il y a trois semaines, a signalé le directeur exécutif achats et marketing de Lidl France. A ce jour, j’ai deux réponses."

Une nouvelle "charte dans le sens inverse"

Pour les responsables des enseignes de la grande distribution, cette négligence de la part des industriels est dure à avaler un an après avoir concédé des hausses importantes des prix pour répercuter la hausse des coûts des matières premières liée à l'invasion de l'Ukraine. "L’année dernière, on est allé 4 fois à la négociation car il fallait augmenter comme tout coûtait plus cher, a rappelé Thierry Cotillard. Ce qu’on veut aujourd’hui, c’est faire le chemin inverse et obtenir des industriels des baisses de tarif."

Le président du groupement Les Mousquetaires prône notamment une nouvelle charte "pour que les industriels reviennent à la table des négociations pour baisser les prix".

"Ce que je demande juste, c’est que les industriels, ces multinationales, décrochent le téléphone quand je les appelle, répondent au courrier pour qu’on discute."

De son côté, Michel Biero ne nie pas systématiquement la nécessité d'augmenter les prix sur certains produits pour les industriels mais il exige que ces hausses soient le résultat d'échanges transparents entre les deux partis. "Si elles viennent avec de la transparence, du factuel pour m’expliquer que sur un paquet de gâteaux, elles ne peuvent pas me concéder ni 20, ni 10 voire même 5% de réduction, je n’ai pas de problème, a insisté le représentant de Lidl France. Mais qu’on discute, car aujourd’hui il n’y a pas de discussions."

Bruno Le Maire maintient la pression

Ce jeudi matin, le ministre de l'Economie et des Finances a renouvelé son appel à l'attention des industriels, n'hésitant pas à brandir la menace de sanctions fiscales. "Nous allons d’abord faire la vérité des prix: où sont les marges et qui les prend?, a-t-il expliqué. Sur cette base-là, nous allons demander un effort à ceux qui font les marges. Aujourd’hui, ce sont les grands industriels de l’agroalimentaire qui font les marges donc il faut qu’ils participent."

"Si jamais les grands industriels de l’agroalimentaire refusent de rentrer dans cette négociation, nous emploierons tous les instruments à notre disposition, y compris fiscaux, pour récupérer les marges indues faites sur le dos des consommateurs."

D'après nos informations, une centaine de lettres ont été envoyées aux industriels par les distributeurs qui évoquent un projet de négociation "au point mort". Pour rappel, les industriels seront reçus la semaine prochaine par le patron de Bercy et Olivia Grégoire, la ministre déléguée chargée des PME, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme. Ces négociations ne visent d'ailleurs que les gros industriels et non pas les producteurs de lait.

Timothée Talbi