Brexit: au Royaume-Uni, l'idée d'un nouveau référendum fait son chemin

Jeremy Corbyn n'exclut plus la tenue d'un nouveau réferendum sur le brexit. - John Thys - AFP
Deux ans plus tard, le Royaume-Uni ne sait toujours pas quelles seront les conséquences du référendum actant sa sortie de l’UE. Et apparaît toujours plus divisé sur la question. En témoigne le chaos régnant au sein du parti conservateur, dont le congrès se tient jusqu’à mercredi.
Alors que Theresa May défend toujours son plan de Chequers, prévoyant une relation étroite avec l’UE, ses adversaires s’emploient à le démonter point par point.
En première ligne, l’ancien ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, qui le qualifie "d’humiliation morale et intellectuelle" et propose à la place de négocier un "super-accord de libre échange" avec l’UE. Ce partisan d’un "hard brexit" (plutôt pas d’accord qu’un mauvais accord) se verrait bien calife à la place du calife, mais ne fait pour l’instant qu’aggraver la fracture interne au sein des Tories.
Changement de cap
La situation pourrait donc profiter aux Travaillistes, dont le congrès s’est achevé la semaine dernière. Le principal parti d’opposition, classé à gauche, vient d’ailleurs d’opérer un changement de cap spectaculaire, et n’exclut plus de consulter le peuple sur un éventuel maintien dans l’UE.
Le Labour a d’ores et déjà signifié qu’il voterait contre un accord obtenu avec l’UE par Theresa May s’il ne remplit pas ses critères -par exemple s'il menace l'emploi ou la paix en Irlande du Nord ou ne conserve pas les bénéfices du marché unique et de l'union douanière-, un scénario qui apparaît probable. Ce qui rendra le vote du Parlement très incertain, du fait de la division des Tories sur la question.
En cas de désaveu de la Première ministre, les Travaillistes exigeront la tenue de nouvelles élections législatives. Même si le pari est extrêmement risqué, Downing Street pourrait y être favorable, afin de redonner une légitimité à Theresa May avant la phase finale du Brexit.
Quelle question poser en cas de référendum?
Et s’il n’obtient pas gain de cause, "le Labour doit soutenir toutes les options qui restent sur la table, y compris une campagne pour un vote du public", indique la motion adoptée mardi par le parti. Une manière de céder à sa base, en particulier les jeunes, majoritairement favorables à un maintien dans l’UE, contrairement aux plus anciens et aux membres des couches populaires. Jeremy Corbyn, longtemps réfractaire, s'y est lui aussi plié.
Reste à savoir quelle sera la question posée. Keir Starmer, chargé du Brexit au sein du Labour, a déclaré qu'il n'excluait aucune option, y compris demander aux Britanniques s'ils ne souhaitent pas finalement le maintien dans l'UE. Mais le ministre des Finances au sein du cabinet fantôme, John McDonnell, a exclu de son côté cette dernière éventualité. Ce sera au Parlement britannique, contrôlé -ou pas- par le Labour, de décider. Theresa May, de son côté, a toujours exclu fermement la possibilité d’un nouveau référendum. Mais la frange europhile de ses membres y est favorable. L'un d'eux, le député Dominic Grieve, a appelé dans le Sunday Telegraph à "une rébellion polie de la part des conservateurs pragmatiques". De quoi rebattre les cartes à six mois de la date butoir du 29 mars.