Brexit: pourquoi Theresa May a plus que besoin d’Emmanuel Macron

Symbole de l’inquiétude grandissante outre-manche, la visite de Theresa May au Fort de Brégançon apparaît comme une ultime tentative britannique d’arracher un accord et éviter un Brexit dur.
Mais si le sujet sera bien évoqué lors de l’entretien qu’ont prévu d’avoir les deux dirigeants, l’Élysée a déjà fait savoir qu’aucune annonce ne serait faite à son issue, afin de ne pas "se substituer au processus piloté par Michel Barnier". Comprendre: le soutien de Paris à la délégation européenne reste entier.
Pourtant, c’est bien avec l’idée de contourner la Commission européenne que la Première ministre britannique tape à la porte d'Emmanuel Macron ce vendredi.
Accord sur la facture et la période de transition
Car si les négociations entamées il y a plus d’un an ont bien avancé, plusieurs sujets, et non des moindres, sont encore en suspens.
Un accord a ainsi déjà été trouvé sur le montant de la facture dont Londres devra s’acquitter: de 39 à 44 milliards d’euros, en fonction des futures relations commerciales entre les deux parties. Les modalités d’une période de transition, jusqu’à fin 2020, ont également fait l’objet d’un accord. Durant celle-ci, le Royaume-Uni pourra continuer de bénéficier du marché unique et de l’Union douanière.
Un brexit "dur" coûterait cher aux entreprises
Au-delà, par contre, rien ne permet de déterminer quelles seront les relations entre Bruxelles et Londres. A défaut d’accord, celles-ci devront obéir aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), impliquant notamment des barrières douanières plus élevées.
Selon une étude parue en mars dernier, et réalisée par les cabinets Oliver Wyman et Clifford Chance, cette situation coûterait 65 milliards d’euros aux entreprises britanniques et européennes (35 milliards pour les sociétés de l’UE et 30 milliards pour les entreprises britanniques).
Position ferme de Bruxelles
En juillet dernier, le gouvernement britannique, éprouvé après la démission des plus farouches défenseurs d'un Brexit dur, David Davies et Boris Jonhson, a adopté une position commune en vue d’un brexit "soft". Il s’agirait -en résumé- de collecter des droits de douane sur tous les produits, puis de les reverser en partie si ceux-ci sont en transit vers un autre pays de l’UE. Une proposition à laquelle Bruxelles a opposé une fin de non-recevoir, relançant ainsi les spéculations sur la possibilité de voir Londres se passer de tout accord.
Autre point d’achoppement récurrent, la délicate question irlandaise reste en suspens. Il faut trouver un moyen d'organiser la sortie de l’Irlande du Nord et le maintien dans l’UE de la République d’Irlande sans rétablir une frontière physique entre les deux pays –ce qui pourrait menacer la paix sur une île marquée par près de 30 années de violences.
C’est donc avec le souci d’assouplir la position européenne que Theresa May se rend dans le sud de la France, comptant sur l’influence de la France auprès de Bruxelles. Le temps presse: la date limite pour trouver un accord a été fixée au mois d’octobre, afin de laisser aux différents parlements le temps de le valider. La sortie effective du Royaume-Uni est, quant à elle, prévue pour le mois de mars 2019. Et elle ne peut être décalée.