Les gilets jaunes s’invitent (discrètement) à l’élection du patron de FO

Force Ouvrière se cherche un chef. - Gerard Julien - AFP
Mouvement hybride, sans réelle revendication ni organisation, les gilets jaunes semblent avoir pris de court les principaux syndicats français. Le numéro un de la CFDT Laurent Berger a clairement indiqué qu’il ne soutenait pas l’initiative, quand la CGT a exprimé sa volonté de ne pas se mobiliser aux côtés de l’extrême droite.
Curieusement, c’est de Force Ouvrière qu’est venu le premier appel à soutenir les gilets jaunes. La fédération des transports a ainsi annoncé, mardi, son ralliement au mouvement. "On appelle à venir renforcer les mouvements existants", a précisé Patrice Clos, le patron de FO-UNCP.
Mais le moment choisi n’est pas vraiment anodin. Jusqu’à ce jeudi, Force ouvrière élit en effet son secrétaire général, cinq semaines après la démission de Pascal Pavageau. En lice, trois candidats, dont un certain…Patrice Clos.
Aucun lien entre les deux événements, répondent ses proches, qui indiquent que la fédération des Transports ne fait que répondre à la demande de sa base sur le terrain.
Un coup médiatique?
L’hypothèse du "coup" médiatique n’est tout de même pas à exclure. "Patrice Clos est plutôt présenté comme un outsider, et il y a peut-être un peu d’opportunisme là-dedans", selon Dominique Andolfatto, professeur en sciences politiques à l’université de Bourgogne et auteur de l’ouvrage Chemins de fer et cheminots en tension (EUD). Pour le chercheur, le candidat pourrait avoir voulu profiter de "la caisse de résonance médiatique" offerte par les gilets jaunes.
D’autant que cet appel à rallier le mouvement semble bien isolé au sein de Force Ouvrière, qui y est majoritairement hostile. "Le mouvement des gilets jaunes est perçu comme revendiquant une forme de défiscalisation. Or, à Force Ouvrière, on est très attachés aux services publics", résume un bon connaisseur du dossier. Sauf surprise, les autres fédérations ne devraient donc pas imiter celle des transports. Et le débat autour des gilets jaunes disparaître au profit de l’élection du secrétaire général.