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Les frais de vétérinaire sont-ils trop chers pour les Français? Le coût du soin des animaux est une des causes principales de leur abandon

Photo d'un chat

Photo d'un chat - CHAIDEER MAHYUDDIN

Les Français sont très attachés à leurs chiens et chats, mais restent réticents à souscrire une assurance santé animale. Alors que les frais vétérinaires ont augmenté et que les tarifs pratiqués sont libres, plus de 70% des propriétaires n’ont pas d’assurance pour leur compagnon.

Ils dorment à nos pieds, partagent notre quotidien et nous apportent un soutien émotionnel sans faille. Pourtant, en cas de problème de santé, de nombreux animaux se retrouvent privés de soins. La faute à un budget trop serré, à un manque d’information, à des tarifs vétérinaires peu encadrés… et à une assurance santé encore trop méconnue.

A l'heure des départ en vacances, on rappelle que ce sont 60.000 chiens et chats qui sont abandonnés chaque année, en particulier à l'approche de l’été (selon la mairie de Paris). Le coût des soins vétérinaires représente l'une des raisons principales de cette prise de décision malheureuse: actes chirurgicaux, opérations d'urgence, soins réguliers, médication...

En effet, si 85 % des propriétaires se déclarent préoccupés par la santé de leur animal, ces inquiétudes se heurtent à une réalité économique difficile à ignorer. Le coût perçu comme trop élevé, cité par 60% des non-assurés. Plus préoccupant encore: 21% des propriétaires ont déjà renoncé à faire soigner leur animal pour raisons financières, un chiffre qui grimpe à 38% chez les foyers gagnant moins de 1.000 euros par mois.

Des tarifs vétérinaires déterminés librement

En effet, un simple passage chez le vétérinaire peut peser lourd. Les tarifs des soins augmentent chaque année et ont encore enflé de 4,8% en 2024 selon l'Ordre national des vétérinaires. Les prix des actes et des consultations évolue selon l'indice des prix de l'Insee (avec un décalage de un anà

Mais les prix pratiqués par les vétérinaires sont déterminés librement. Ils ne sont pas réglementés comme certains actes de médecine humaine ou d'actes notariés et compliquent la planification des dépenses à ce sujet. Selon l'UFC que Choisir, le tarif moyen pour une simple consultation est de 38 euros au niveau national, mais s’échelonne de 20 à 85 euros selon les cabinets. Le prix pour une stérilisation de femelle labrador, de 316 euros en moyenne, mais peut grimper à 600 euros dans certains cabinets.

Autre problème majeur: le manque d’information autour de l’assurance santé animale. Plus de 7 propriétaires sur 10 n’ont pas souscrit de couverture, souvent par ignorance ou par méconnaissance des garanties proposées. Près d’un tiers des propriétaires ne sait pas quels soins sont couverts, et 12 % des 18-24 ans ignorent même qu’assurer son animal est possible. Ce déficit d'information alimente des idées reçues. En effet, beaucoup surestiment le coût moyen d’une assurance, estimé à 51 € par mois par les non-souscripteurs. En réalité, des formules existent à moins de 4 € mensuels.

"Il est possible de couvrir son animal dès 3,90 euros. Assurer son animal, c’est anticiper les imprévus et alléger son budget santé sur le long terme" explique Myriam Saada, Directrice de l’offre et de l'expérience clients chez Solly Azar.

Mieux informer, mieux tarifer

Du côté des propriétaires qui franchissent le pas, il est question d'attentes précises. En effet, selon l'étude du courtier en assurance Solly Azar, 63% souhaitent une prise en charge des soins d’urgence, 45% espèrent une couverture des maladies chroniques, et 37% aimeraient voir intégrés les actes de prévention comme les vaccinations ou les traitements antiparasitaires. La simplicité d’usage est également un critère essentiel: 34% privilégient un remboursement rapide, 16% veulent des démarches entièrement en ligne, et 5% se montrent ouverts à une assistance vétérinaire par intelligence artificielle.

Le paradoxe est là: les animaux sont considérés comme des membres de la famille, mais ils sont moins souvent assurés qu’un appareil électroménager. Pour les assureurs et les vétérinaires le défi est triple: mieux informer, mieux tarifer, et mieux anticiper. Une nécessité pour combler le fossé croissant entre l’attachement émotionnel des Français à leurs animaux et leur capacité à les protéger efficacement.

Juliette Weiss