Jours fériés travaillés, patrons ponctionnés... Pour réformer les retraites, chacun a sa petite idée

La réunion sur les retraites entre François Bayrou et les partenaires au ministère du Travail le 17 janvier. - BFMTV
Les idées fusent. Ce jeudi 20 février, la Cour des comptes rendra son rapport sur "la vérité des chiffres" du système de retraites en France. Il servira de base au "conclave" de trois mois entre organisations syndicales et patronales.
Ils devront s'entendre pour réformer le système de retraites, mais s'ils ne trouvent pas d'accord, c'est la réforme de 2023, reculant progressivement l'âge de départ à 64 ans, qui continuera de s'appliquer, a prévenu le Premier ministre. Patronat et syndicats ont déjà des propositions, certaines sont nouvelles, d'autres moins. Revue des propositions énoncées ces dernières semaines par les parties prenantes.
Les idées venues du patronat
• Travailler 3 jours fériés pour épargner pour sa retraite
Le mot est prononcé. Longtemps taboue, l'idée d'introduire une dose de capitalisation dans le système français par répartition a été évoquée par deux organisations patronales. Le patron du Medef Patrick Martin propose ainsi de s’interroger "par exemple, sur les régimes de retraite par capitalisation".
Mais c'est surtout dans la bouche du président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) que le mot revient. Amir Reza-Tofighi évoque deux pistes: la possibilité pour les salariés de travailler trois jours fériés par an ou une heure de plus par semaine et placer l'argent gagné sur un compte.
• Indexer l'âge de départ sur l'espérance de vie
Il s'agit encore d'une idée du patron de la CPME. Il s'est dit prêt "à étudier la question des 64 ans", en revenant par exemple à 63 ans. Mais à la condition de mettre en place un "mécanisme automatique" pour indexer l'âge de départ sur l'espérance de vie. Logiquement, lorsque celle-ci augmente, l'âge de départ à la retraite reculerait.
• Supprimer l'abattement fiscal des retraités
Comme le président du Conseil d'orientation des retraites, le patron du Medef, propose de supprimer l'abattement fiscal pour frais professionnels de 10% dont bénéficient les retraités. Ce qui pourrait rapporter "4,5 milliards d'euros par an". "Qu'un retraité bénéficie d'une niche fiscale pour frais professionnels, c'est contre-nature, c'est aberrant", a lancé Patrick Martin.
• Transfert du coût de la protection sociale vers l'impôt
Le président du Medef a également évoqué une refonte en profondeur du financement de la protection sociale. Il suggère de s'interroger sur "le transfert d’une partie du coût de la protection sociale vers la fiscalité, la CSG, la TVA sociale", au lieu des cotisations sociales. Cela représente un véritable changement de paradigme.
Les idées venues des syndicats
• Revenir sur les 64 ans
Côté syndicats, on compte bien revenir sur le recul de l'âge de départ à 64 ans. La CGT veut une abrogation de la réforme et un retour à la retraite à 62 ans tandis que la CFDT estime toujours "que 64 ans, ça n'est pas la solution". Le syndicat juge en revanche "incontournable d'ouvrir le dossier de la pénibilité".
• Supprimer les exonérations de cotisation
Afin de financer un abandon des 64 ans, les syndicats ont plusieurs propositions. "Avoir l'opportunité d'en discuter avec le Medef me semble extrêmement intéressant parce que l'un des sujets du financement de la protection sociale, ce sont les exonérations de cotisation", a déclaré la patronne de la CFDT Marylise Léon.
La CGT estime aussi que "les exonérations de cotisations sociales, bien que compensées par l’impôt, pénalisent à la fois les salariés et salariées et les finances publiques". Elle estime ce coût à 20 milliards d'euros depuis 2017.
• Étendre les cotisations à l'intéressement
Une autre idée proposée par la CGT serait d'étendre les cotisations à l'intéressement et la participation ou à l'épargne-retraite. Selon le syndicat, le versement de cotisations sur les primes, l'intéressement et la participation permettrait de renflouer les caisses à hauteur de 2,4 milliards d’euros par an.
Ces cotisations pourraient concerner non seulement aux revenus du travail, mais aussi les revenus du capital. La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet propose ainsi de "soumettre à cotisation les dividendes".
• Augmenter le taux des cotisations patronales retraites
À défaut de toucher à l'assiette, la CGT évoque une autre solution: augmenter les taux des cotisations patronales. Une hausse de 0,25 point rapporterait 1,3 milliard d'euros, quand une augmentation de 0,5 permettrait de gagner 5 milliards d'euros, toujours selon le syndicat.
• Améliorer l'emploi des seniors
Enfin, augmenter le nombre de personnes qui travaillent permettrait aussi d'augmenter les recettes du système de retraites. Pour Yvan Ricordeau de la CFDT, "il faut travailler à l’amélioration de l’emploi des seniors gagé par une cotisation employeur s’il n’améliore pas cette employabilité".