"Ce n'est pas le moment": le patron du Medef appelle à ne "pas toucher" à la réforme des retraites

Invité sur RMC et BFMTV ce jeudi 9 janvier, le président du Medef, Patrick Martin, s'est opposé à une remise en cause de la réforme des retraites. Il a également dénoncé "un niveau de dépenses sociales insupportable" et appelé à supprimer l'abattement fiscal pour frais professionnels dont bénéficient les retraités.

Patrick Martin plaide pour le maintien de la réforme des retraites. Invité sur RMC et BFMTV ce jeudi 9 janvier, le président du Medef s'est opposé à une remise en cause de l'âge légal de départ à 64 ans, au moment où le gouvernement multiplie les rencontres avec les partenaires sociaux et groupes parlementaires pour trouver un compromis sur ce dossier sensible.

"Dans le panorama très tendu des finances publiques sous surveillance de nos bailleurs de fonds étrangers - 54% de la dette française est détenue par des étrangers, et pas que des Européens - il ne faut pas toucher au rendement de la réforme et le rendement de la réforme tient essentiellement à l’âge légal de départ en retraite de 64 ans", a déclaré Patrick Martin.

"On n'est pas dans un monde théorique, on n’est pas dans des circonstances normales, on n’est pas en eaux calmes", a-t-il poursuivi. C'est pourquoi "ce n'est pas le moment de reprendre cette réforme qui, je le rappelle, porte sur 14% du PIB".

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"Il y a de la gratuité à trop d'endroits"

Pour autant, si le gouvernement souhaite vraiment rediscuter de la réforme des retraites, "allons-y carrément" en reposant "la question centrale du niveau du financement de la protection sociale en France, pas que des retraites", a suggéré Patrick Martin. Car pour lui, "on est à un niveau de dépenses sociales qui devient insupportable pour les salariés, les ménages, les entreprises qui supportent le coût de ce modèle social".

À cet égard, le patron des patrons a appelé à "remettre en cause un certain nombre de dispositifs" pour faire des économies. "Il y a de la gratuité à trop d'endroits, sur le médicament, sur les transports publics. À un moment donné, ça déresponsabilise beaucoup de monde, pour ne pas dire tout le monde", a-t-il déploré.

Patrick Martin veut la suppression de la niche fiscale des retraités pour frais professionnels

Comme le président du Conseil d'orientation des retraites, Patrick Martin a suggéré de supprimer "la niche fiscale qu'ont les retraités pour frais professionnels", ce qui pourrait rapporter "4,5 milliards d'euros par an". "Qu'un retraité bénéficie d'une niche fiscale pour frais professionnels, c'est contre-nature, c'est aberrant", a-t-il dit.

"On ne peut pas faire supporter l'effort sur des agents économiques, les entreprises au premier chef, qui sont déjà les plus taxés au monde. On se tire une balle dans le pied si on fait ça", a encore martelé le président du Medef.

Il s'est en revanche opposé à un retour du projet de réforme des retraites par points qui est "intellectuellement très séduisant" mais qui "opérationnellement, ne marche pas". Surtout, les temps ont changé, a assuré Patrick Martin: "En 2018 on n’était pas du tout dans la même situation de finances publiques, la notation de la France n’était pas la même. Reprendre ce sujet-là en ce moment, c’est s’exposer à ce qu’on n’aboutisse toujours pas et qu’on s’expose à des sanctions", a-t-il conclu.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco