BFM Business
France

Sécheresse: les récoltes espagnoles en danger, faut-il s'inquiéter pour l'agriculture française?

placeholder video
L'Espagne est en état d'alerte ces derniers jours à cause des températures caniculaires, auxquelles s'ajoute une sécheresse chronique qui frappe ses récoltes de plein fouet. L'agriculture française doit-elle craindre un scénario similaire?

L’Espagne vit une situation inédite: les températures pourraient atteindre les 40 degrés Celsius en Andalousie ce jeudi, tandis qu’elles dépasseront les 30° dans le reste du pays. Cette canicule en plein mois d’avril est d'autant plus grave qu'elle se superpose à une sécheresse persistante. Cet atelage dévastateur met en péril les récoltes des agriculteurs ibériques, qui sont en état d’alerte.

La France, grande puissance agricole, doit-elle s’inquiéter qu'une sécheresse d'une ampleur similaire puisse assoiffer ses terres?

“C’est l’équivalent du désert du Sahara”

Le syndicat agricole espagnol Coag a prévenu il y a quelques jours que l'état de sécheresse actuel menaçait 60% de la campagne ibérique et que 3,5 millions d’hectares de cultures ont déjà été irrémédiablement endommagés.

“3,5 millions d’hectares, c’est 333 fois la surface de Paris!” souligne l’agroclimatologue Serge Zaka. “On n'est plus sur des pertes de rendements mais sur des pertes de récoltes,” rajoute-t-il.

Ainsi aujourd’hui, certains agriculteurs perdent tout alors qu’avant, ils ne perdaient qu'une partie de leur labeur. Le coupable? Le manque critique d'eau qui provoque le dessèchement et la mort des végétaux. L'année dernière était déjà l'une des plus sèches jamais enregistrées de l'autre côté des Pyrénées et les déficits pluviaux durent depuis 32 mois.

Pour comprendre l’importance du problème, Serge Zaka s’en réfère à l’indice hydrique, c’est-à-dire la réserve en eau des sols. Entre 0 et 40 centimètres de la surface, cet indice est à 0 sur de très nombreuses parcelles espagnoles, dit-il. "C’est l’équivalent du désert du Sahara."

"Les végétaux vont arrêter leur croissance puis mourir"

Le constat n’est pas le même en France. La masse d'air chaud qui accable en ce moment l'Espagne va bien provoquer une hausse des températures chez nous mais plus modérée, de l'ordre d'une dizaine de degrés en deux jours dans le Sud-Ouest.

Le taux de précipitations s'est par ailleurs amélioré depuis mars et les cultures céréalières ont suffisamment d’eau sur 90% du territoire, explique Serge Zaka. Pour autant, une partie du pays souffre "d'une sécheresse inédite et record": l’arc méditerranéen et notamment les régions de l’Aude et des Pyrénées-Orientales. "S’il ne repleut pas [dans ces zones], les plantes vont se dessécher avant d'avoir produit leurs graines", alerte l’agroclimatologue, qui précise que, là-bas, l’indice d'humidité est aussi très bas, bien qu'il n'atteigne pas les niveaux espagnols.

Une situation certes beaucoup moins préoccupante qu’en Espagne mais Serge Zaka souligne que la saison des récoltes arrive un à deux mois plus tard en France qu’en Espagne. Ainsi, "s’il ne repleut pas d'ici fin mai, on aura la même situation" dans les régions du sud déjà durement affectées par la sécheresse.

Olivia Bugault avec AFP