Quels sont ces avantages qui autorisent les fonctionnaires à travailler moins que les autres?

Le personnel de prison en poste fixe ne travaille que 1551 heures alors que leurs collègues surveillants, qui subissent des horaires décalés, font eux 1582 heures. - Loic Venance - AFP
En France, la durée légale du temps de travail est fixée à 35 heures par semaine, ou 1607 heures par an. Mais certains fonctionnaires en font moins, en toute légalité. Dans un rapport remis le mois dernier à Gerald Darmanin, dont le Figaro a pris connaissance, l'Inspection générale des finances révèle que 310.000 agents de la fonction d'Etat, sur le 1,1 million qu'elle a audité (hors profs, magistrats, militaires et gendarmes), ont un temps de travail inférieur au seuil légal.
120.000 d'entre eux bénéficient d'horaires allégés en raison de la pénibilité de leur travail, comme le travail de nuit ou le dimanche, les horaires décalés... C'est le cas de certains policiers ou gardiens de prison.
Mais pour les 190.000 agents restants, rien ne justifie leur régime favorable aux yeux de l'IGF, qui a listé toute une série de dispositions qui au fil du temps, ont permis d'alléger considérablement les horaires de ces fonctionnaires.
Une semaine "Malraux" pour les agents de la Culture
Un dispositif a particulièrement alerté les auteurs de l'audit: les jours de fractionnements, qui permettent aux fonctionnaires posant cinq jours de congés entre le 1er novembre et le 30 avril, d'obtenir un jour supplémentaire. Un bonus qui pèse lourd sur les finances de l'Etat: en le supprimant pour l'ensemble des fonctionnaires, l'État économiserait 29,4 millions d'heures, soit 18.300 postes.
Autre largesse accordée aux fonctionnaires que l'IGF voudrait voir supprimée: les jours "ministres". Le ministère de l'Intérieur accorde deux jours supplémentaires à ses fonctionnaires.
Aux Affaires sociales, les agents ont carrément le droit à une semaine supplémentaire, dite "semaine d'hiver". C'est au sein de ministère de la Culture que les bonus sont les plus importants: en plus de deux jours ministres, les agents bénéficient de sept jours au titre de la "semaine Malraux".
Mais les agents de l'IGF ont recensé les dérives les plus nombreuses au sein de trois ministères: l'Education, la Justice et l'Intérieur. Par exemple, 13.000 conseillers principaux d'éducation (CPE) disposent de quatre heures par semaine, laissées sous leur responsabilité, pour qu'ils puissent organiser leur mission dans les collèges et lycées. Pour l'inspection générale des finances, ce sont 3,2 millions d'heures qui "s'évaporent", soit l'équivalent de 2000 agents à temps plein.
Des agents des préfectures favorisés
L'audit pointe aussi du doigt le régime privilégié dont bénéficient le personnel de prison en poste fixe. Ils ne travaillent que 1551 heures alors que leurs collègues surveillants de prison, devant subir horaires décalés, travaillant de nuit et le week-end, font eux 1582 heures.
Au sein du ministère de l'Intérieur, c'est le planning des agents des préfectures et sous-préfectures chargés de l'accueil du public et de la délivrance des titres qui a attiré l'attention de l'IGF. Ils ne travaillent que 1572 heures par an, alors que leur métier ne présente aucune contrainte spécifique.
Même parmi les 120.000 agents exposés à des missions pénibles (policiers, gardiens de prison, etc.) et qui de ce fait ont un allègement de leur temps de travail, l'IGF a relevé des incohérences. Comme le régime de jours de repos compensateur des policiers et des CRS. Y mettre fin permettrait d'économiser 2800 postes.