Près de 3 fonctionnaires sur 10 travaillent moins que les 35 heures légales

Voilà un rapport qui risque de faire polémique, à la veille de l'adoption en Conseil des ministres du projet de loi sur la transformation de la fonction publique. L'Inspection générale des finances (IGF) a audité le temps de travail des fonctionnaires d'Etat. Les résultats ont été remis le mois dernier à Gerald Darmanin. Et selon les chiffres que s'est procuré le Figaro, sur les 1,1 million d'agents (hors enseignants, magistrats, militaires et gendarmes) passés au crible, pas moins de 310.000 ne travaillent pas les 1607 heures légales.
Certains bénéficient d'aménagements dû à des conditions de travail difficiles. Mais pour 190.000 d'entre eux, les allègements ne sont pas justifiés. "Le plus souvent, les agents bénéficiant de régimes dérogatoires travaillent aux côtés de collègues soumis à des contraintes particulières et bénéficient des mêmes avantages sans être soumis à la même pénibilité", souligne le quotidien.
De coûteux jours des ministres
Selon, l'IGF 149.000 fonctionnaires à l'Éducation nationale, 5300 à la Justice et 800 électroniciens et techniciens à l'aviation civile sont dans ce cas. En alignant leurs horaires sur le droit commun, l'Etat pourrait ainsi supprimer 30.000 postes.
Un dispositif a particulièrement alerté les auteurs de l'audit: les jours de fractionnement, qui permettent aux fonctionnaires posant cinq jours de congés entre le 1er novembre et le 30 avril, d'obtenir un jour supplémentaire. Ce "bonus" pèse lourd sur les finances de l'Etat: en le supprimant pour l'ensemble des fonctionnaires, l'État économiserait 29,4 millions d'heures, soit 18.300 postes.
Autre largesse accordée aux fonctionnaires que l'IGF invite à remettre en cause: les jours "ministres". Le ministère de l'Intérieur accorde deux jours supplémentaires à ses fonctionnaires. Aux Affaires sociales, les agents ont carrément le droit à une semaine supplémentaire, dite "semaine d'hiver". C'est au sein de ministère de la Culture que les largesses sont les plus importantes: en plus de deux jours ministres, les agents bénéficient de sept jours au titre de la "semaine Malraux".
Pour les inspecteurs de l'IGF, trois ministères cumulent plus particulièrement les dérives: l'Education, la Justice et l'Intérieur. Par exemple, 13.000 conseillers principaux d'éducation (CPE) disposent de quatre heures par semaine, laissés sous leur responsabilité, pour qu'ils puissent organiser leur mission dans les collèges et lycées. Pour l'inspection générale des finances, ce sont 3,2 millions d'heures qui "s'évaporent", soit l'équivalent de 2000 agents travaillant à temps plein.