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Productivité et dépenses publiques: Bruxelles alerte la France sur ses faiblesses

Le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici et le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire.

Le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici et le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire. - Emmanuel Dunand - AFP

La Commission européenne a publié ce mercredi son évaluation de l'état de l'économie française. Elle recommande à la France de travailler à renforcer l'égalité des chances et à revoir ses dépenses publiques.

Comment va la France? Comme chaque année, la Commission européenne a publié ce mercredi son rapport sur la situation économique et sociale dans les pays membres de l'Union. Au sujet de la France, Bruxelles fait un double constat: la compétitivité n'est pas encore au beau fixe et la dette publique reste trop élevée. Si elle veut résoudre ces difficultés, la France doit travailler à améliorer sa productivité et baisser sa dépense publique, recommande la Commission. 

Poursuivre les efforts pour améliorer la productivité

Les performances de l'économie française se sont détériorées entre 2000 et 2009, depuis elle redresse la barre mais lentement. La Commission européenne prévoit un taux de croissance de 1,3% pour la France en 2019, ce qui correspond à son rythme de croisière. Or, c'est un peu faible. Si l'économie bute à ce niveau, c'est parce que la productivité n'augmente pas assez, note Bruxelles.

Comment faire? Il y a deux leviers à actionner pour accélérer la productivité: améliorer la formation des travailleurs, pour baisser le chômage et qu'ils soient plus efficaces, et favoriser l'innovation pour que l'industrie soit mieux armée face à la concurrence. Entre la réforme de l'éducation et de la formation professionnelle, et la politique en faveur de l'innovation (sanctuarisation du crédit impôt recherche, suramortissement…), les mesures mises en œuvres par le gouvernement français devraient rendre l'économie plus performante dans les prochaines années, estime la Commission.

En revanche, il doit s'attaquer plus sérieusement à l'inégalité des chances, alors que le pays compte un nombre trop important de jeunes sans emploi et d'adultes insuffisamment formés. Par ailleurs, malgré des dépenses publiques fortes en matière d'innovation, les entreprises privées ne suivent pas. La Commission pointe que les impôts de production sont encore élevés, tout comme le prix des services aux entreprises (notamment à cause des professions réglementées) et cela pénalise la compétitivité de l'industrie française.

Faire aussi bien en dépensant moins

Concernant les finances publiques, Bruxelles relève que la dette publique reste élevée. Sans prendre en compte les 10 milliards d'euros en faveur du pouvoir d'achat, la dette française devait se stabiliser pour la première fois cette année, après des années de hausse ininterrompue, et décroître en 2020. À cela s'ajoute un endettement privé également élevé. Résultat, "la marge de manœuvre pour faire face à un choc est très réduite", souligne une source européenne.

Là-aussi comment résoudre l'équation? La France a le niveau de dépense publique le plus élevé du continent, représentant 56% du PIB. Pour que les finances publiques soient à l'équilibre, il faudrait augmenter les impôts ou réduire la dépense publique. Visiblement, le gouvernement français penche pour la seconde.

La Commission reconnaît l'efficacité du modèle de protection sociale français, le niveau d'inégalités baissant après redistribution (autrement dit après prélèvement des impôts et versement des aides sociales). Il faut donc le préserver. Mais, "la France doit pouvoir faire aussi bien en dépensant moins", estime une source européenne, rappelant qu'en "Allemagne, il y a le même niveau d'inégalités après redistribution, mais le niveau des dépenses sociales est plus faible" (5 points de PIB d'écart).

Les réformes de la santé et des retraites ont été lancées, mais ne sont pas encore finalisées. Pour la seconde, Bruxelles recommande d'uniformiser les régimes pour plus d'équité (et réaliser des économies?). Plus globalement, la Commission encourage le gouvernement à poursuivre le travail réalisé dans le cadre du comité Action publique 2022, pour revoir, poste après poste, l'ensemble des dépenses publiques et identifier où et comment il est possible, tout en assurant un même niveau de service public, de faire des économies.

Jean-Christophe Catalon