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La perte du contrat des trains Intercités fragilise l'emploi chez Alstom, selon son PDG

La SNCF achète traditionnellement ses trains au géant national Alstom et au canadien Bombardier, qui dispose d'une grande usine à Crespin (Nord).

La SNCF achète traditionnellement ses trains au géant national Alstom et au canadien Bombardier, qui dispose d'une grande usine à Crespin (Nord). - Eric Piermont-AFP

Alors que la SNCF lui a préféré l'espagnol CAF pour commander 28 rames automotrices et 75 autres en option, le PDG d'Alstom estime que ce choix fragilise l'emploi sur ses sites. Concernée, l'usine alsacienne de Reichshoffen a de l'activité jusqu'en 2021-2022 et le carnet de commandes du groupe atteint 40 milliards d'euros.

La SNCF n'a pas retenu Alstom pour lui commander des rames Intercités alors qu'elle lui achète traditionnellement ses trains ainsi qu'au canadien Bombardier, qui a une usine à Crespin (Nord). En dépit d'un lobbying de son PDG, Henri Poupart-Lafarge, la commande fixe de matériel Intercités de 28 rames automotrices (pour 700 millions d'euros) et de 75 rames optionnelles a bénéficié à l'industriel espagnol CAF. Son offre "s’est avérée être la meilleure sur les critères de performance technique, d’innovation, et de coût", selon la SNCF.

Le PDG d'Alstom avait indiqué début septembre que ce marché des Intercités pourrait apporter "dix années d'activité pour le site de Reichshoffen (Bas-Rhin) et l'ensemble des sites français qui fabriquent les composants".

Alstom perd une commande évaluée à 10 ans d'activité

Réagissant au choix de la SNCF, il a ajouté dans La Tribune: "dans l'attente de la décision définitive qui aura lieu fin octobre, Alstom à ce stade ne souhaite pas réagir" tout en affirmant que ce choix des pouvoirs publics allait avoir un impact sur l'emploi dans ses sites industriels en France.

"Ce n'est pas faire du chantage à l'emploi que d'expliquer que la perte d'une commande qui représente dix ans d'activité aurait un impact sur l'emploi. C'est mécanique. Le site de Reichshoffen a de l'activité jusqu'en 2021-2022. Il ne peut pas compter à court terme sur de grosses commandes de trains régionaux en France en raison du renouvellement de près de 90 % du parc des trains régionaux ces dernières", explique t-il.

Pourtant Alstom déclarait récemment que son carnet de commande bien rempli de 40 milliards d’euros au 30 juin 2019, lui offrait "une bonne visibilité sur le chiffre d’affaires à venir".

De leur côté, les syndicats du groupe avaient, quelques jours avant que la décision de la SNCF ne soit rendue officielle, interpellé la ministre de la Transition écologique et solidaire Élisabeth Borne (qui chapeaute aussi les transports), s'inquiétant pour l'avenir des sites de Reichshoffen et Belfort.

Guère habitué à être contesté sur son marché intérieur, Alstom n'a pas toujours été "bon perdant" par le passé. La commande de 16 trains à grande vitesse à l'allemand Siemens pour Eurostar -filiale de la SNCF- en 2010, avait déjà été vivement contestée par le groupe français qui fabrique les emblématiques TGV.

l'intersyndicale chez alstom "s'indigne" du choix de la sncf en faveur de caf

L'intersyndicale FO, CGT, CFE-CGC et CFDT d'Alstom a manifesté ce jeudi son "indignation" après que la SNCF a sélectionné mercredi le constructeur ferroviaire espagnol CAF pour la livraison de 28 nouveaux trains Intercités. Les syndicats dénoncent "le double langage des pouvoirs publics, qui font la promotion d'une industrie ferroviaire nationale forte et qui attribuent en même temps un marché de 2 milliards (d'euros) de financement public à une entreprise espagnole", concurrente d'Alstom. L'intersyndicale indique qu'elle "mettra tout en oeuvre" pour que "la raison l'emporte d'ici au prochain conseil d'administration de SNCF Mobilités" le 24 octobre.

Frédéric Bergé