L'Armée de l'Air recrute une centaine de pilotes de drones

L'escadron de drones 1/33 Belfort est sous le commandement du lieutenant-colonel Romain - D. Pujo / Armée de l'air
"L'armée de l’Air va de plus en plus devenir une armée de pilotes de drones", disait le Général Lecointre, chef d’état-major des armées [CEMAA], lors d’une audition à l’Assemblée nationale en novembre dernier. Ce jeudi, soit six mois après l'annonce de cette ambition, le colonel David, chef de la division ISR (Intelligence, surveillance et reconnaissance) de l'état-major de l'armée de l'Air, a annoncé que l'escadron de drones de la 33e escadre de surveillance, de reconnaissance et d'attaque (ESRA) de Belfort recherche une centaine de pilotes de drones d'ici 2030.
Implantée sur la base aérienne de Cognac, l'escadron de drones 1/33 Belfort compte déjà une vingtaine d'équipages. Elle est sous le commandement du lieutenant-colonel Romain. Cet ancien pilote de chasse doit désormais recruter de nouvelles équipes qui devront être prêtes pour l'arrivée des nouveaux drones.

La France a programmé l'acquisition de 12 drones MQ-9 Reaper. Six ont été livrés en version non armée (trois sont au Niger dans le cadre de l'opération Barkhane) et devraient être armés en 2020. Les six derniers, qui seront directement armés, sont attendus à compter de la fin de l'année. D'ici 2030, l'escadre sera dotée de 8 ALSR (avions légers de surveillance et de reconnaissance) et encore 8 MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) MQ-9 Reaper.
"Nous aurons besoin de 80 à 100 équipages", annonce le patron de l'unité en expliquant qu'un équipage est constitué de 4 personnes: un pilote, un officier de renseignement, un opérateur capteur d'images et un analyste d'images. "Avec les techniciens et les mécaniciens, nous devons recruter environ 800 personnes".
Deux tiers des futurs pilotes seront formés dans le cadre de la filière nouvellement créée, le dernier tiers viendra des unités de combat de l'armée de l'air. Pour les versions armées, l'équipage pourrait être constitué d'un cinquième élément.

"Les cabines de pilotage sont à proximité des pistes"
Le recrutement repose sur les conditions classiques de l'armée. Le grade, et donc le salaire, dépend du poste occupé (entre environ 1500 euros pour démarrer comme sous-officier et environ 2000 euros comme officier). Il faudra aussi aller sur le terrain. Contrairement à ce que l'on a pu voir dans les films américains (Eye in the Sky ou Good Kill) où des pilotes mènent des opérations au Moyen Orient depuis les Etats-Unis. "Les cabines de pilotage sont à proximité des pistes et pas dans un bureau parisien", précise le lieutenant-colonel Romain.
Mais s'ils restent au sol pendant les opérations, cette nouvelle génération de pilotes restent des aviateurs et ont le statut de personnel naviguant. Ils suivront donc une formation de pilotes d'avions légers et de vol aux instruments sur la base de Salon de Provence avant de passer un brevet spécifiquement lié aux avions sans personnel à bord.
"Les compétences de pilotage ne suffisent pas, ces experts devront aussi être rompus aux techniques de communication, d'analyse des données, connaitre les espaces aériens civils et être capable de conseiller les chefs militaires lors des opérations", explique le colonel David.
La formation d'analyse des renseignements se déroulera à Cognac ou aux Etats-Unis sur la base d'Holloman au Nouveau-Mexique.
Les autorités militaires ont même pensé à la reconversion des pilotes. Ils pourront bénéficier d'une formation complémentaires sur Beechacraft ou Falcon qui leur permettra d'intégrer l'aviation d'affaire s'ils décident de changer de carrière. Mais pour le colonel David, la maîtrise des drones va devenir une expertise réclamée dans de nombreux secteurs privés ou publics. "D'autant que la formation militaire leur donnera une valeur dans les entreprises", estime le lieutenant-colonel Romain.
