Finances publiques: la France va-t-elle devenir le cancre de la dette en Europe?
La France sera, en 2024, à la traîne des autres grandes économies européennes pour améliorer la situation de ses finances publiques en sortie de crise, s'inquiète mardi la Cour des comptes, qui appelle le gouvernement à préciser les efforts attendus sur la dépense.
En prévoyant de ramener son déficit sous les 3% du PIB en 2027, et d'entamer une lente réduction du ratio de dette publique à partir de 2026, le gouvernement a défini une trajectoire "en décalage avec la plupart de nos partenaires européens", constate la Cour dans son rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques.
A horizon 2024, le déficit français se situerait à 3,9% du PIB, soit "le plus élevé" des principaux pays de la zone euro, même si ceux de l'Italie, l'Espagne et la Belgique resteraient également supérieurs à 3%. L'Allemagne et les Pays-Bas ont eux l'intention de le ramener "significativement" en dessous de 2% du PIB, souligne la Cour.
Dette stable d'ici 2024... contrairement aux autres
Si ces prévisions dépendent aussi des calendriers différents de sortie des plans de soutien et de relance, reconnaît l'institution, "l'ajustement prévu par le programme de stabilité français serait parmi les plus faibles des grands pays européens", souligne-t-elle.
La dette française serait quasi stable entre 2021 et 2024 (autour de 118% du PIB), alors que "les dettes italienne et espagnole reculeraient de plus de 7 points de PIB et que les Pays-Bas et l'Allemagne verraient leur dette reculer d'environ 3 points de PIB", ajoute-t-elle.
En ce qui concerne la France, la Cour constate que le gouvernement prévoit de ramener la croissance des dépenses à 0,7% en volume par an en moyenne entre 2022 et 2027, soit un niveau tout de même "sensiblement plus élevé que celui prévalant avant 2018". Cela signifie malgré tout faire des économies en dépense de près de 9 milliards d'euros par an sur la période.
Croissance potentielle "optimiste"
Or, le gouvernement donne de "premières indications sur les orientations (...), mais sans préciser à ce stade les principales mesures", souligne la Cour. Dans son programme, l'exécutif évoque la mobilisation de tous les secteurs de l'administration publique, la réforme des retraites et la fixation d'une règle de dépense.
Par ailleurs, la Cour prévient que l'atteinte de ces objectifs pourrait nécessiter des efforts supplémentaires si la prévision de croissance potentielle ne se réalise pas, celle-ci ayant été jugée "optimiste" par le Haut conseil des finances publiques, ou si la prévision d'inflation du gouvernement, qui "peut paraître élevée", ne se réalisait pas.
Pas question de gripper la reprise
Pour autant, le gouvernement n'a pas l'intention de serrer les vis trop fortement, pour éviter de casser la reprise, comme ce fût le cas en 2012 après la crise financière. La semaine dernière, la même Cour des comptes a d'ailleurs rendu un audit sur les finances publiques, préconisant de "concentrer l’effort d’investissement public sur des priorités ciblées" afin de favoriser l’innovation, la recherche ou encore l’industrie.
Comme le raconte Le Figaro, l'exécutif tente désormais de trouver la juste mesure entre les milliards réclamés par les différents ministères, habitués au "quoi qu’il en coûte" et la nécessité de réduire le flux d'argent qui vient alimenter la dette. A un an de l'élection présidentielle, c'est un enjeu majeur.