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En 2019, les inégalités salariales dans le privé ont diminué pour la première fois depuis 2010

Le salaire net moyen a augmenté de 1,2% en 2019.

Le salaire net moyen a augmenté de 1,2% en 2019. - Mychelle Daniau - AFP

En 2019, la grande majorité des salariés du privé ont vu leur salaire net augmenter, à l'exception des plus hauts revenus.

Si la crise sanitaire a sans doute rebattu les cartes, 2019 aura été marquée par une franche accélération du salaire net moyen dans le secteur privé (+1,2%, après +0,4% en 2018) en euros constants. Cette année-là, il s’est établi à 2424 euros, affichant une progression deux fois supérieure à l’augmentation moyenne annuelle des vingt années précédentes, selon une étude de l’Insee parue ce mardi.

Cette hausse s’explique en partie par la suppression des cotisations salariales d’assurance chômage et maladie amorcée en 2018, mais également par des mesures prises par Emmanuel Macron en réponse à la crise des gilets jaunes. En particulier la défiscalisation des heures supplémentaires et la création de la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (dit "prime Macron") qui a permis aux entreprises de verser une prime à leurs salariés pouvant aller jusqu’à 1000 euros, sans cotisations sociales ni impôts.

Un salaire médian à 1940 euros nets

En 2019, la moitié des salariés du privé percevaient moins de 1940 euros nets. Soit un salaire médian inférieur de 20% au salaire moyen, "ce qui traduit une plus forte concentration des salaires dans le bas de la distribution", souligne l’Insee.

Ainsi, près de 8 salariés sur 10 ont un salaire net compris entre 1204 euros (Smic net de contributions et cotisations sociales) et 3200 euros. Par ailleurs, les 10% des salariés les plus pauvres gagnent moins de 1319 euros nets par mois quand les 10% les mieux rémunérés perçoivent plus de 3844 euros. Enfin, un salarié sur cent gagne plus de 9103 euros nets par mois.

Des inégalités en légère baisse

Si les disparités salariales entre les faibles et hauts revenus restent importantes, elles ont légèrement diminué en 2019 alors qu’elles avaient augmenté entre 2010 et 2018. En effet, la grande majorité des salariés ont vu leur rémunération progresser cette année-là, à l’exception des plus hauts revenus. Chez les 10% les moins bien payés, le salaire moyen a augmenté de 1,7%. Le gain est moins prononcé chez les 10% les plus aisés (+0,7%) et l’évolution du salaire moyen est même négative parmi les 5% les mieux rémunérés (-0,1%). Plus encore, les 1% les mieux lotis ont vu leur salaire baisser de 1,8%.

Selon la même logique, l’évolution du salaire moyen a été bien plus favorable aux catégories socioprofessionnelles qui affichent les rémunérations sont moins élevées. Par exemple, le salaire net moyen des employés et ouvriers (respectivement 1740 et 1830 euros par mois) a augmenté de près de 2% en 2019 quand les professions intermédiaires ont vu le leur (2411 euros en moyenne) progresser de 1,3%. Surtout, les cadres, mieux rémunérés que les autres salariés (4230 euros par mois en moyenne), ont subi une baisse de leur salaire (-0,7%) pour la deuxième année consécutive.

Ce recul est lié à l’effet dit "de noria" qui tire leurs salaires à la baisse. Ce phénomène traduit le remplacement des cadres en fin de carrière par de jeunes cadres, les seconds étant beaucoup moins bien rémunérés en moyenne que les premiers. En outre, la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat a davantage profité aux employés, ouvriers et professions intermédiaires puisqu’elle a contribué pour +0,5 à +0,6 point à leur hausse de salaire, contre +0,2 point chez les cadres.

Mais la crise sanitaire pourrait bien avoir inversé la tendance. Un rapport de l’Organisation internationale du Travail expliquait en décembre 2020 que la pandémie avait augmenté "artificiellement" le salaire moyen en France l'an passé et affecté "sévèrement les travailleurs faiblement rémunérés".

De fait, "ceux qui ont un métier peu qualifié ont perdu un nombre d’heures travaillées beaucoup plus important que ceux qui exercent des métiers d’encadrement et qui disposent d’emplois qualifiés mieux rémunérés", affirmait l'OIT.
https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco