Annulations, baisse des réservations: les pénuries de carburant inquiètent les acteurs du tourisme

"C'est un scandale". Depuis plusieurs jours, Laurent Duc ne décolère pas. Entre les pénuries de carburant et le risque d'une reconduction de la grève à la SNCF, le président de la branche hôtellerie de l'Umih (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie) s'attend à des vacances de la Toussaint moroses pour les acteurs du tourisme.
D'après l'organisation patronale, les hôtels ont déjà enregistré 20 à 30% d'annulations sur la période, en particulier dans les régions PACA, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine. Le constat est le même chez VVF où l'on constate un "flux de vente" qui "a fortement ralenti ce week-end avec une chute de 30% par rapport à l'année dernière" et des annulations qui "ont doublé depuis vendredi".
"On a une grosse inquiétude", déclare Stéphane Le Bihan, son directeur général, qui prédit "des ventes quasiment à l'arrêt si la situation du transport n'est pas résolue". "On pense être en dessous de 20 à 30% sur la deuxième semaine des vacances et 10% sur la première".
"La saison sera un peu chaotique"
Le premier bilan des réservations laissait pourtant espérer un haut niveau de fréquentation touristique à la Toussaint. Mais la persistance des pénuries de caburant a visiblement découragé de nombreux Français inquiets de ne pas pouvoir se déplacer avec leur voiture.
"Nous n'avons plus aucune réservation depuis trois jours. La semaine dernière encore, nous étions complets, ça se remplissait même à la dernière minute", explique à l'AFP Catherine Quesada, gérante de l'hôtel Mignon à Avignon. "Des clients appellent pour nous dire qu'ils sont inquiets et vont peut-être annuler", en particulier ceux venant de pays d'Europe proches: "Ils viennent en voiture donc là, ils ne pourront pas", déplore-t-elle.
Les parcs d'attractions font le plein
Quand bien même la grève serait levée chez TotalEnergies, il faudra plusieurs jours avant d'espérer un retour à la normale à la pompe. En conséquence, "je pense que la saison sera un peu chaotique la première semaine, et meilleure la deuxième s'il y a du carburant", prédit Laurent Duc. Propriétaire d'un hôtel à Villeurbanne, il s'attend malgré tout à être en négatif à la Toussaint alors que les coûts des hôteliers ont flambé.
Dans ce contexte de pénurie et d'inflation qui incite à limiter les déplacements et les dépenses, le tourisme de proximité pourrait tirer son épingle du jeu. Plutôt que de réserver des vacances à des centaines de kilomètres au risque de manquer de carburant, certains vacanciers privilégient les courts séjours, parfois sans nuit d'hôtel, vers des destinations plus proches de chez eux. A cet égard, la Compagnie des Alpes ne voit pas fléchir les réservations de ses parcs tels que le Futuroscope, le Parc Astérix ou France miniature.