Pénuries de carburant, grève des transports: inquiétudes pour les vacances de la Toussaint
Les Français pourront-ils partir en vacances à la Toussaint? A moins d'une semaine des congés d'automne, vendredi 21 octobre, l'inquiétude grandit dans les files d'attente des stations-service.
"On pense que ça va encore durer une semaine, quinze jours... Pas au-delà on espère...", soupire Clément, en faisant le plein à la pompe à essence.
Un espoir qui risque fort d'être déçu. "22% des stations-service sont en difficulté dans les Hauts-de-France (contre 25,3% vendredi), 39,9% en Ile-de-France (contre 37% vendredi), 36,4% en Centre Val de Loire (contre 42,2% vendredi)", a énuméré samedi sur notre antenne Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique.
Et même si les blocages dans les raffineries s'arrêtaient dans les prochains jours, un délai serait nécessaire pour un retour à la normale, car redémarrer une raffinerie prend entre une semaine et dix jours.
"Ça va être une catastrophe"
Par ailleurs, la pénurie d'essence pourrait être couplée à une perturbation dans les transports. Face aux réquisitions dégainées par le gouvernement pour contrer la grève dans l'industrie pétrolière, la CGT a en effet décidé, avec FO, Solidaires, FSU et des mouvements de jeunesse, d'organiser une journée de "mobilisation et grève" interprofessionnelle mardi, en dépit du mécontentement d'une partie de l'opinion.
Les cheminots de la SNCF devraient également rejoindre le mouvement, compliquant encore un peu plus les départs en vacances si le mouvement venait à se poursuivre, comme l'a envisagé Fabien Villedieu, délégué syndical Sud-Rail, ce dimanche sur BFMTV.
"On fera des assemblées générales et on proposera la grève reconductible. Si les cheminots nous disent 'Pour avoir des augmentations de salaire, il faut aller plus loin qu’une journée de 24 heures' (...), on partira en grève reconductible", a expliqué le représentant syndical.
"Les vacances de la Toussaint ça va être une catastrophe", prédit dans les colonnes du Figaro Reynald Prévost, coordinateur FO de la raffinerie de Port-Jérôme.
Cette situation plus qu'incertaine inquiète fortement le secteur du tourisme. "A partir du moment où il y a des freins à la mobilité, ça affecte immédiatement la restauration et l'hôtellerie. On est dans des prévisions très en baisse", explique à BFMTV Philippe Coudy, président de l'Union des métiers des industries et de l'hôtellerie en Seine-Maritime.
Impact sur le tourisme
En Normandie, les restaurants enregistrent déjà une chute de la fréquentation de 30% par rapport à la même période en 2019, avant le Covid. Cette diminution atteint même 50% dans l'hôtellerie. A
Dieppe, en Seine-Maritime, le directeur de l'hôtel Windsor compte de nombreuses annulations pour les vacances de la Toussaint ainsi qu'une baisse des réservations par rapport à l'an passé. Conséquence certaine, selon lui, des pénuries d'essence.
"Un grain de sable dans le fonctionnement normal de la France, ça entraîne de la non-réservation, de l'annulation. Et donc, une baisse des recettes."
Ce week-end, sur les 44 chambres que compte son hôtel, seules dix étaient occupées. La ministre de la Transition énergétique s'est toutefois voulu rassurante concernant l'accès des automobilistes à l'essence. Agnès Pannier-Runacher a affirmé que les importations de pétrole pouvaient "suppléer" les raffineries, en plus du déblocage fin septembre de stocks stratégiques.
"Entre les stocks stratégiques, la Belgique et l'arrivée par bateau, on a aujourd'hui des approvisionnements qui sont supérieurs à la consommation habituelle normale dans notre pays", a-t-elle souligné, notant une "consommation anormalement élevée" en raison de pleins de précaution.