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"Un impact insignifiant": la note de la France a été dégradée par Fitch mais le pays emprunte au même taux qu'il y a 3 jours

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Les taux d'emprunt de la France restaient stables ce lundi sur le marché obligataire. Les investisseurs avaient déjà intégré la dégradation de note de la dette tricolore par Fitch.

Malgré la sanction de Fitch, les marchés restent impassibles. Ce lundi, le taux d'intérêt auquel la France emprunte à 10 ans sur les marchés était d'environ 3,50%, soit le même niveau que vendredi soir en clôture, avant la décision de l'agence américaine de dégrader la note de l'Hexagone de AA- à A+. L'écart avec celui de l'Allemagne atteignait 0,80 point de pourcentage, contre 0,79 point en fin de semaine dernière.

Fitch a motivé son choix en raison de l'instabilité politique persistante et des incertitudes budgétaires qui contrarient l'assainissement de ses comptes publics en piteux état.

L'absence de réaction sur le marché obligataire n'a rien de surprenant en réalité puisque les investisseurs avaient déjà intégré cette dégradation: "Souvent, l'impact d'une dégradation est insignifiant parce que les investisseurs sur les marchés étaient déjà au courant des problèmes du pays concerné et en tenaient déjà compte pour déterminer le taux d'intérêt exigé sur ses obligations", confirmait la semaine dernière Éric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management.

D'ailleurs, les marchés n'ont pas attendu Fitch pour sanctionner la France dont les taux obligataires progressent depuis la dissolution de juillet 2024. Au point que l'Hexagone emprunte aujourd'hui plus cher que l'Espagne, le Portugal et la Grèce et à des taux proches de ceux de l'Italie.

Fitch dégrade la note de la dette française – 12/09
Fitch dégrade la note de la dette française – 12/09
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"Il n'y a rien de dramatique"

Certains craignaient malgré tout que la perte du "double A" entraîne une baisse de la demande d'obligations françaises, certains fonds limitant la détention d'obligations souveraines dont la note est inférieure à "AA". Mais "la vraie barrière pour les fonds est en général entre 'simple A' et 'triple B'. On est encore très loin de ça puisque Fitch, même si elle nous a dégradés, garde une perspective stable. (...)", observe sur BFM Business Wilfrid Galand, directeur général adjoint Montpensier-Arbevel.

C'est ce qui lui fait dire qu'"il n'y a rien de dramatique aujourd'hui. Il faut le prendre comme un signal. On est encore dans une bonne qualité de dette donc on n'a pas du tout de choc à prévoir sur les marchés".

L'expert estime par ailleurs que "pour qu'il y ait un impact, il faut souvent" avoir la décision de "deux agences de notation sur trois" et "il faut que S&P se soit prononcée parce S&P c'est un peu le baromètre absolu, le standard, c'est la plus grosse agence de notation". À l'inverse, "Fitch est la moins importante des trois plus importantes". Les deux autres agences, à savoir Moody's et S&P, réviseront respectivement la note de la dette tricolore le 24 octobre et le 28 novembre.

Les économistes mettent toutefois en garde la France: si la crise politique et budgétaire était amenée à durer dans le temps, compliquant le redressement des finances publiques, les investisseurs pourraient perdre patience: "Les acheteurs domestiques et étrangers ont une vision objective de la situation. Il n’y a pas de raison que les marchés ne nous sanctionnent pas" à terme, expliquait à BFM Business Alexandre Baradez, chef analyste chez IG, pour qui "cette situation nécessite une vraie vigilance".

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco