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Finances publiques

Suspendre la réforme des retraites et revenir à 62 ans comme le souhaite Élisabeth Borne? Cela coûtera "des centaines de millions en 2026 et des milliards en 2027", alerte Bercy

Roland Lescure, le 3 juillet 2024.

Roland Lescure, le 3 juillet 2024. - Ludovic MARIN / AFP

Le ministre démissionnaire de l'Économie confirme évaluer le coût d'une modification de la réforme des retraites. Cette possibilité a été évoquée par Élisabeth Borne pour trouver un accord avec la gauche, mais elle ne semble pas faire l'unanimité au sein du camp présidentiel.

Roland Lescure confirme que le ministère de l'Économie évalue actuellement le coût d'une modification ou d'une suspension de la réforme des retraites, alors que cette concession pourrait être accordée par le gouvernement démissionnaire.

"Modifier la réforme des retraites" coûtera "des centaines de millions en 2026 et des milliards en 2027", a toutefois prévenu Roland Lescure, le ministre démissionnaire de l'Économie, sur France Inter, ce mercredi 8 octobre.

"Je suis intimement persuadé qu'il y a des voies de passage. Mais quelle que soit la manière dont on modifie la réforme des retraites, cela va coûter beaucoup d'argent", estime Roland Lescure.

"On a besoin qu'une majorité de l'Assemblée nationale se mette d'accord pour ne pas censurer un gouvernement et faire passer un budget. Il faut que tout le monde fasse des concessions. Évidemment, je suis prêt à en faire mais pas à n'importe quel prix. Toutes les concessions auront un prix et il faudra les financer", a déclaré l'ancien ministre de l'Industrie.

Malgré la démission du gouvernement, les services de Bercy travaillent sur un projet de budget. "Il doit être déposé d'ici le 13 octobre pour des raisons constitutionnelles", rappelle Roland Lescure qui constitue pour cela un cabinet. Ce dernier a précisé qu'il n'était pas opposé à Premier ministre de gauche "si ce dernier trouve une majorité absolue capable de voter un budget".

La proposition de Borne n'a pas été concertée avec Matignon

Le Premier Sébastien Lecornu avait demandé une étude d’impact sur le sujet il y a 15 jours, a appris BFMTV mardi 7 octobre, confirmant une information du Parisien. Mais la proposition est venue d'Élisabeth Borne. L'ancienne Première ministre s'est dite ouverte à une "suspension" de la très impopulaire réforme des retraites qu'elle avait fait adopter, sans vote, en 2023, dans une interview au Parisien, jugeant que "la stabilité du pays était plus importante" qu'un éventuel "totem" sur les retraites et appelant à éviter une dissolution.

Cette proposition a été appréciée mardi soir comme un "réveil" et "un chemin" par le PS et Place publique, "un signal positif" par la CFDT, la CGT appelant Emmanuel Macron à "ne plus faire la sourde oreille". Au contraire, La France Insoumise campe sur une position plus dure. "C'est l'abrogation ou rien", a martelé Mathilde Panot sur BFMTV.

Cette sortie n'a toutefois pas été coordonnée ni avec l'Élysée, ni avec Matignon a appris BFMTV de sources concordantes. Elle ne fait pas l'unanimité au sein du camp présidentiel. Yaël Braun-Pivet s'est dite "gênée" par cette perspective ce mercredi. "On doit avoir une négociation globale. Il ne faut pas lâcher des trucs comme ça tous les jours (...) Il ne faut pas renoncer aux grandes réformes", réclame la présidente de l’Assemblée nationale.

P.La.