Espagne: accord sur une réforme du mode de calcul des retraites

Madrid avait annoncé en 2021 un accord prévoyant une hausse des cotisations sans report de l'âge légal de départ à la retraite - Kiko Huesca / POOL / EFE / AFP
Le gouvernement de gauche espagnol a annoncé vendredi un accord sur le mode de calcul des pensions de retraite, comme exigé par Bruxelles en échange des fonds du plan de relance européen, mettant davantage à contribution les revenus les plus élevés.
Sommé d'agir pour rééquilibrer son système de retraite, menacé par le vieillissement de la population, Madrid avait annoncé en novembre 2021 un vaste accord prévoyant une hausse des cotisations sans report de l'âge légal de départ à la retraite, qui doit passer à 67 ans en 2027.
Mais il restait au gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez à trouver un accord sur la période de travail prise en compte pour les pensions - une source de tension entre les socialistes et le parti de gauche radicale Podemos, partenaires au sein de la coalition au pouvoir.
Le mécanisme finalement retenu, après plusieurs semaines de discussion, prévoit que le montant des pensions de retraite soit calculé, au choix, sur la base des 25 dernières années cotisées (comme c'est le cas aujourd'hui) ou sur les 29 dernières années - en excluant les deux années les moins bonnes.
"Renforcer le caractère redistributif"
Le plan du gouvernement prévoit, par ailleurs, d'élever l'assiette maximale de cotisation, c'est-à-dire la part du salaire sur laquelle les employés cotisent, qui passerait de 4.139 à 4.495 euros par mois. Une façon d'accroître les recettes du système de retraite.
Cette réforme, fruit de longues négociations avec Bruxelles, va "sécuriser les pensions de nos aînés" et garantir "la viabilité de notre système public pour les décennies à venir", s'est félicité lors d'un discours Pedro Sánchez.
Un message relayé par la ministre communiste du Travail, Yolanda Díaz, pour qui le nouveau mécanisme va "renforcer le caractère redistributif" du système de retraite espagnol, en augmentant la contribution "des salaires les plus élevés".
Ce nouveau mode de calcul, destiné à assurer la viabilité du système de retraite, était l'une des principales contreparties exigées par Bruxelles en échange de l'octroi des fonds "Next Generation" du méga plan de relance européen, dont l'Espagne est l'un des principaux bénéficiaires avec 140 milliards d'euros. Il doit désormais être soumis au patronat, ainsi qu'aux syndicats de salariés.
Le problème des retraites en Espagne est rendu particulièrement aigu par la démographie. Le pays combine ainsi le deuxième taux de natalité le plus bas d'Europe (1,23 enfant par femme) avec une grande longévité, supérieure à 83 ans en moyenne.