Déserts médicaux: et si on libéralisait enfin la téléconsultation?

En déplacement vendredi dans le Cantal, François Bayrou a annoncé une nouvelle mesure destinée à lutter contre les déserts médicaux: les médecins exerçant à proximité de ces zones sous-dotées devront désormais y assurer jusqu’à deux jours de consultation par mois.
Une annonce qui a immédiatement fait réagir la profession. Médecins en grève, manifestations: la colère monte face à ce que beaucoup considèrent comme une injonction incompatible avec l’exercice libéral de la médecine.
Mais une question demeure: pourquoi ne pas avoir exploré une voie alternative, bien moins coercitive et pourtant prometteuse, celle de la téléconsultation?
20% d'actes à distance: un seuil "arbitraire"
Aujourd’hui, les médecins sont limités à un plafond de 20% de leurs actes effectués à distance. Un seuil jugé trop restrictif par de nombreux professionnels, et même par la Cour des comptes qui a jugé ce seuil "purement arbitraire" dans un rapport publié en début d’année. Elle y recommande d’élargir les possibilités de téléconsultation, en particulier dans les zones médicalement désertées.
Un assouplissement qui permettrait d’améliorer rapidement l’accès aux soins dans les territoires les plus isolés, sans forcer les médecins à se déplacer ni alourdir encore la dépense publique. La demande existe, les outils aussi. Ce qui manque, c’est la volonté politique. Pourtant, Matignon reste ferme. Une source proche du Premier ministre confirme:
"Le plafond restera à 20% pour les actifs. Nous l’assouplirons uniquement pour les médecins retraités. Les patients ont d’abord besoin de présence physique."
Alors que les professionnels expriment leur exaspération et que les territoires ruraux peinent à se faire entendre, une question s’impose: pourquoi persister dans la contrainte, quand des solutions technologiques existent et n’attendent que d'être libérées?