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Chômage: Olivier Dussopt prêt à durcir l'accès à l'indemnisation pour "abandon de poste"

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L'accès à l'indemnisation du chômage dans le cas d'un abandon de poste, lorsqu'un salarié ne vient plus travailler sans justification et finit par être licencié, pourrait être durci.

Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, s'est dit mardi ouvert à durcir l'accès à l'indemnisation du chômage dans le cas d'"un abandon de poste", quand un salarié ne vient plus travailler sans justification et finit par être licencié par son employeur. "Il y a une faille: un salarié qui procède à un abandon de poste a accès à des conditions d'indemnisation plus favorables qu'un salarié qui démissionne", a relevé le ministre devant la commission des Affaires sociales de l'Assemblée qui examine son projet de loi sur l'assurance chômage.

"Nous sommes ouverts à ce que ces conditions soient alignées", a-t-il ajouté, alors qu'un amendement LR a été déposé dans ce sens, tout en veillant "à ce que les salariés qui abandonnent leur poste pour des raisons de sécurité ne soient pas pénalisés".

L'assurance chômage est en principe réservée aux personnes qui sont privées involontairement d'emploi. Pour les démissionnaires, il y a quelques exceptions limitées. Parmi elles, le fait de suivre un conjoint a concerné 14.000 cas en 2021 selon l'Unédic. Depuis 2019, la possibilité est également ouverte une fois tous les 5 ans à ceux qui ont un projet professionnel (12.000 cas en 2021). Mais un licenciement pour abandon de poste constitue un licenciement pour faute et ne prive pas le licencié de son droit à bénéficier de l'assurance chômage, bien que l'abandon de poste soit "volontaire".

Pas de statistiques

Cependant, s'il est licencié pour faute grave, le salarié ne percevra pas d'indemnité de licenciement ni d'indemnité compensatrice de préavis et congés payés. Il n'existe pas de statistiques sur ces abandons de postes mais les députés LR assurent dans leur amendement que "c'est un phénomène de plus en palpable par les milieux professionnels".

"Le salarié qui veut quitter son emploi (...) pour se retirer du marché du travail tout en ayant pour objectif de conserver un revenu ne va pas démissionner mais simplement ne plus revenir au travail afin que l'employeur, de guerre lasse, procède à son licenciement", avancent-ils. "Alors que le démissionnaire est tenu par un préavis qui permet à l'employeur de s'organiser, l'employé fantôme, en abandonnant son poste du jour au lendemain, perturbe le bon fonctionnement de l'entreprise", ajoutent-ils.

Pour lutter contre les tensions de recrutement, Olivier Dussopt s'est en revanche montré plus réservé sur la volonté de certains députés de durcir l'accès au chômage pour un CDD refusant un CDI. Le ministre a rappelé que lorsqu'un salarié refuse un CDI proposé dans les mêmes conditions que son CDD, alors la prime de précarité de 10% n'est pas due par l'employeur, une disposition méconnue selon lui.

J. Br. avec AFP