Au-delà de la réforme des retraites, la CFDT met l'accent sur les conditions de travail des salariés

La CFDT n'abdique pas dans sa contestation de la réforme des retraites. Mais elle se projette déjà sur les revendications qu'elle continuera de porter à l'issue de cette longue séquence sociale, le tout autour d'une vaste problématique: les conditions de travail des salariés. C'est le principal enseignement des interventions des deux leaders de l'organisation syndicale, Laurent Berger et Yvan Ricordeau, respectivement invités des matinales de France 2 et BFM Business ce lundi matin. "Il y a eu 12 journées de mobilisation avec un taux de participation massif et il n'y a eu aucune attention, aucune réponse au concret du monde de travail, à la vie des travailleurs et des travailleuses", a d'abord regretté le secrétaire général de la CFDT sur France 2.
"Le 1er mai, c’est la fête du travail, des travailleurs et travailleuses et on a décidé de continuer de manifester notre désaccord vis-à-vis de ce texte qui est désormais promulgué et de demander: quand allez-vous écouter le monde du travail et ses aspirations en matière de conditions de travail, de salaires et de sens au travail?"
Laurent Berger a également rappelé qu'il souhaitait échanger sur la thématique des conditions de travail malgré le refus de l'intersyndicale de répondre favorablement à l'invitation d'Emmanuel Macron demain: "On ne laissera pas de côté les questions de la répartition de la richesse dans l’entreprise, des conditions de travail de côté. On veut parler de tout ça mais le faire 48 heures après avoir promulgué une loi que des millions de travailleurs ont contestée dans la rue et que l’opinion publique continue de contester massivement, ce n’est pas décent."
Retour sur les ordonnances Travail
Sur le plateau de BFM Business, Yvan Ricordeau s'est inscrit dans la même optique en s'appuyant sur les échos des cortèges de manifestants contre la réforme des retraites. "Quand on discutait avec les gens qui manifestaient, ils nous parlaient assez peu de retraites en fin de compte, a-t-il indiqué. Ils nous parlaient de leur parcours professionnel et de leurs conditions de travail et c’est ça qu’il faut mieux traiter dans les entreprises. Pour mieux traiter cela, il faut remettre en place des commissions sur les conditions de travail et plus de moyens pour les élus de proximité."
Des pistes qui ont amené le secrétaire national de la CFDT à réaffirmer la volonté de l'organisation de changer les règles du dialogue social en revenant sur les ordonnances Macron de 2017 qui l'ont bouleversé. "On a vu que la concentration du dialogue social dans les entreprises par le regroupement des CSE avait des éléments plutôt positifs, c’est-à-dire une vision stratégique, et des éléments clairement négatifs avec des réunions interminables car tous les sujets étaient concentrés sur la même réunion", a-t-il observé, préconisant le renfort des moyens des élus de proximité dans les entreprises.
Pas d'abandon des mesures pour le travail des seniors
Yvan Ricordeau a aussi déploré la décision du Conseil constitutionnel de retoquer les dispositions du projet de loi concernant l'index senior et le CDI senior. "Avant de parler du changement de 62 à 64 ans, il fallait d’abord parler de comment on améliore la qualité de l’emploi des seniors, a-t-il insisté. [...] C’est la question du travail partiel dans la dernière partie d’activité, les départs qui permettent de baisser l’intensité du travail à 75 ou 60% sur lesquels on compense les cotisations retraite et cela a été une fin de non-recevoir systématique de la part du gouvernement."
Plus globalement, le secrétaire national de la CFDT plaide pour des discussions autour du développement des compétences et "un vrai rendez-vous à 45 ans pour construire la deuxième partie de carrière".