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Covid-19: en produisant des vaccins sur son sol, la France pourra-t-elle disposer de plus de doses?

Un sous-traitant français commencera à produire "courant mars" le vaccin de Moderna contre le Covid-19

Un sous-traitant français commencera à produire "courant mars" le vaccin de Moderna contre le Covid-19 - Kenzo TRIBOUILLARD © 2019 AFP

Si elle devrait accélérer le rythme des livraisons, la contribution à la production de vaccins par des sous-traitants tricolores ne permettra pas à la France de recevoir plus de doses que prévu.

Tous les Français adultes pourront se voir proposer un vaccin "avant la fin de l’été". La promesse formulée mardi par Emmanuel Macron a été jugée ambitieuse par de nombreux observateurs au regard du début laborieux de la campagne vaccinale contre le Covid-19 en Europe. Mais pour accélérer le rythme des injections et remporter son parti, le chef de l’Etat a dit compter sur la production de doses sur le territoire français qui devrait débuté "dès fin février, début mars".

Invitée sur RTL ce mercredi, la ministre déléguée chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, a précisé le calendrier. Le sous-traitant Recipharm devrait ainsi commencer la production du vaccin Moderna "courant mars" sur son site de Monts (Indre et Loire), a-t-elle indiqué. Il sera notamment chargé de la mise en flacon de l'inspection, du conditionnement et du contrôle qualité.

L'usine normande de Delpharm devrait suivre en avril en réalisant des opérations de remplissage de flacons du vaccin Pfizer-BioNTech. Viendra ensuite Fareva qui pourrait contribuer à la production du vaccin CureVac, pas encore autorisé au sein de l’Union européenne, sur ses sites de Pau et Val-de-Reuil à partir du mois de mai. Enfin, le laboratoire Sanofi produira son propre vaccin à Vitry-sur-Seine (Seine-et-Marne) mais celui-ci ne sera pas prêt avant la fin de l’année. En attendant, le laboratoire français va aider à la production du vaccin Pfizer-BioNTech depuis une de ses usines basée en Allemagne.

Plus de doses pour la France?

Si elle contribue à l’accélération du rythme des livraisons qui fait tant défaut depuis le début de la campagne de vaccination en Europe, la production de doses dans l’Hexagone ne permettra pas à la France de revoir à la hausse le nombre de doses attendues sur son sol. En effet, la politique de l’Union européenne, qui négocie les commandes avec les laboratoires au nom des 27 Etats membres, prévoit une répartition des livraisons proportionnelle à la population de chaque pays. Ce qui signifie que la France recevra 15% du total des doses, peu importe leur lieu de fabrication.

Un rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques sur la stratégie vaccinale contre le Covid-19 publié en décembre rappelle à juste titre que le lieu de production ne constitue qu’une "garantie très partielle de souveraineté". "Il serait imprudent de considérer que les mesures visant à renforcer l’attractivité économique du territoire (…) puissent à elles seules garantir la souveraineté sanitaire de la France et de l’Europe au sens plein du terme", peut-on lire.

Et pour cause, poursuivent les parlementaires à l’origine du rapport, "dans une économie de marché, ce sont les clauses contractuelles qui priment et qui déterminent les pays qui seront livrés en priorité, en fonction du prix qu’ils ont payé. S’ils apportent des bénéfices en termes d’emploi et d’expertise, les investissements productifs réalisés par les entreprises sur un territoire donné obéissent seulement in fine à une logique d’optimisation des coûts (produire près de la demande à un coût acceptable), et ne signifient nullement un engagement de l’entreprise à livrer en priorité le pays de production, ni du reste le pays où l’entreprise à son siège, qui ne vaut pas 'nationalité'".

Dans la même logique, Moderna précisait mi-janvier que "toutes les livraisons du vaccin Covid-19" au sein de l’UE "seront effectuées par Kuehne+Nagel, une société de logistique de premier plan au niveau mondial, et proviendront de sa plate-forme pharmaceutique centralisée en Europe". "Les envois de vaccins seront livrés à un point central convenu au préalable dans chaque Etat membre, où les Etats membres coordonneront la distribution nationale", ajoutait le laboratoire américain.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco