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Coronavirus: combien vont coûter les mesures pour sauver l'économie?

Bruno Le Maire

Bruno Le Maire - Eric Piermont-AFP

Après les premières chocs annoncées ce vendredi par Bruno Le Maire, le gouvernement devra relancer l'économie. La coût total des mesures pourrait avoisiner les 30 milliards d'euros, soit près du double des "mesures gilets jaunes".

"Plusieurs dizaines de milliards d'euros." C'est ce que vont coûter les différentes mesures de soutien à l'économie. C'est en tout cas ce qu'affirmait Bruno Le Maire ce vendredi sur BFMTV

Le gouvernement a en effet annoncé une batterie de mesures pour répondre à l’urgence. L’objectif c’est de soulager les trésoreries des entreprises pour éviter les faillites et l'explosion du chômage.

Trois mesures chocs: report du paiement des charges et des impôts (hormis la TVA) sur le mois de mars. Elles les paieront plus tard. Mise en place d’une indemnité journalière pour les parents seuls qui n’ont pas de solution de garde obligé de prendre un congé sans solde. Et enfin réforme du chômage partiel, ce qui sera d’ailleurs la mesure la plus coûteuse.

L'Etat va donc prendre à sa charge l’intégralité des sommes versées au salarié en chômage partiel. Au chômage partiel, un salarié touche 84% de son salaire net (70% de son brut). Auparavant l’Etat en prenait une partie à sa charge (l’équivalent d’un Smic), désormais il prendra l’intégralité.

Et c’est une mesure très coûteuse. Pour le moment elle a déjà coûté 240 millions d’euros pour 80.000 salariés concernés. Lors de la crise de 2008, le dispositif avait coûté 1 milliard d’euros sur deux ans selon la Cour des comptes pour 275.000 salariés concernés. Cette fois, le dispositif devrait être bien plus coûteux. D'abord parce que la violence de la crise sur certains secteurs va pousser un très grand nombre d'entreprises à en bénéficier. Elles sont déjà plus de 5100 à l'avoir mis en place. Ensuite, parce que la prise en charge de 100% des salaires versés par les entreprises sera bien plus coûteux que le dispositif de l'époque.

D'autant que l’Etat va simplifier la démarche. Avant l’entreprise devait remplir un dossier sur le site du ministère du Travail et recevait une réponse sous 15 jours. Le ministère veut raccourcir ce délai à 48 heures. L'Etat avancera par ailleurs les sommes alors que jusqu'à présent les entreprises payaient les salaires et se faisaient rembourser plus tard par l'Etat.

Et ces premières mesures d'urgence difficilement chiffrables du fait de l'incertitude liée à la durée de la crise ne seront pas les seules. Il faudra dans un second temps relancer l’économie. Plusieurs pistes sont sur la table, assure-t-on du côté de Bercy: remboursement plus rapide des crédits d'impôt, accélération de la baisse du taux de l'impôt sur les sociétés, soutien à des entreprises ou des secteurs durement touchés... Dans un dernier temps enfin, la France compte rapatrier des activités stratégiques pour ne plus dépendre à 70-80% de l'étranger sur certains produits. Une grande politique industrielle en d'autres termes.

Au total Jean Pisani-Ferry, l’ancien conseiller économique d’Emmanuel Macron estime dans Le Monde que l’ensemble de ces mesures pourraient coûter une trentaine de milliards d’euros. Cela représenterait près de deux fois plus que les "mesures gilets jaunes" de 2019 qui avaient coûté 17 milliards d'euros à l'Etat. De nouveaux emprunts seront envisagés. Et le retour à l'équilibre budgétaire en 2022 très certainement compromis.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco