Pourquoi les jus de fruits Tropicana ont disparu des rayons Carrefour

A l’approche de la fin des négociations commerciales annuelles, le climat entre industriels et acteurs de la grande distribution reste extrêmement tendu. Dernier exemple en date: le litige opposant Tropicana à Carrefour qui a conduit le distributeur à retirer les célèbres jus de fruits de ses rayons.
Selon les données du spécialiste de la grande distribution, Olivier Dauvers, relayées par Rayon Boissons, la marque Tropicana, propriété du fonds d'investissement PAI Partners, a vu son taux de diffusion dans les magasins Carrefour passer de 85% en janvier à 0% aujourd’hui.
Des sources internes chez Carrefour ont par ailleurs confirmé auprès du magazine spécialisé des "négociations compliquées" avec Tropicana et dit avoir de "gros soucis avec ce fournisseur". D’où les ruptures observées en rayons depuis quelques jours.
Dans un contexte d’inflation, ce type de litige est de plus en plus fréquent. Dans la plupart des cas, le désaccord porte sur les hausses de prix réclamées par les industriels, les distributeurs jugeant celles-ci disproportionnées. C’est aussi pour cette raison qu’Intermarché et Casino avaient procédé au retrait des eaux du groupe Danone en septembre dernier.
"Attitude irresponsable"
Invité sur BFM Business mardi, le délégué général de la Fédération du Commerce et de la distribution, Jacques Creyssel, a accusé les "grands inudstriels" de profiter de l’inflation pour demander des hausses de prix supérieures à l’augmentation réelle des coûts qu’ils ont subie.
"Les grands industriels ont une attitude irresponsable sur le sujet et veulent profiter de la situation. Ils ont tous augmenté leur marge pour 2023", a dénoncé Jacques Creyssel.
Des propos "totalement inacceptables" pour Lactalis. "En juin dernier, il nous avait fait le même coup, c'est-à-dire que la grande distribution avait mis en doute la probité des acteurs industriels, à tel point que le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, avait demandé à ses services de mener une enquête", a rétorqué le porte-parole du géant de l’agroalimentaire, Christophe Piednoël, rappelant que les résultats de cette même enquête avaient conclu que ni les distributeurs ni les industriels n’avaient tenté de profiter de la situation.
Les négociations commerciales annuelles doivent prendre fin le 28 février. Après cette date, les nouveaux prix négociés seront progressivement répercutés en magasin, d’où la crainte d’un "mars rouge" évoquée par les distributeurs. De son côté, Bercy entend mener au printemps une "nouvelle enquête pour nous assurer que personne ne s’en met plein les poches", a annoncé cette semaine sur RMC et BFMTV le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.