Nouveau Front populaire: est-il possible de bloquer les prix des biens de première nécessité?

Le Nouveau Front populaire déroule ses premières propositions économiques pour les prochaines élections législatives. Parmi elles, le blocage des prix des produits de première nécessité. Dans les 15 premiers jours, s'ils remportent les élections, les partis de gauche alliés assurent qu'ils bloqueront, par décret, les prix "des biens de première nécessité dans l’alimentation, l’énergie et les carburants", comme l'indique leur contrat de législature dévoilé ce vendredi matin lors d'une conférence de presse.
Le Code du commerce autorise en effet le gouvernement à prendre, par décret, des mesures "contre des hausses ou des baisses excessives de prix". À condition que ce blocage des prix soit exceptionnel, c'est-à-dire qu'il soit motivé par "une situation de crise, des circonstances exceptionnelles, une calamité publique ou une situation manifestement anormale du marché dans un secteur déterminé", comme l'indique l'article 410-2. La validité du décret, par ailleurs, ne peut pas dépasser six mois.
C'est ce qu'avait décidé, par exemple, le gouvernement d'Édouard Philippe au moment de la crise sanitaire pour les gels hydroalcooliques et les masques chirurgicaux à usage unique, dont les prix ont été encadré jusqu'en janvier 2021 pour contrer les fortes hausses constatées dans les magasins.
Effets collatéraux
Dans le cas du blocage des prix des produits de première nécessité, comme proposé par l'alliance des principales forces de gauche, la faisabilité de la mesure est moins certaine. Le Conseil d'État pourrait retoquer le décret du gouvernement, jugeant que l'inflation actuelle n'entre pas dans le champ des circonstances exceptionnelles. De même, le blocage simultané des prix de l'alimentation, de l'énergie et du carburant pourrait être considéré comme une distorsion de concurrence par l'Union européenne.
S'il représente un gain certain de pouvoir d'achat pour les consommateurs, le blocage des prix peut néanmoins s'accompagner d'effets collatéraux indésirables, telles qu'une ruée sur les stocks ou une baisse de la production, comme constaté lors de la crise sanitaire avec les gels hydroalcooliques.
Les producteurs peuvent aussi diminuer la qualité du produit ou du service délivré. "Sur le plan social, ce sont plutôt les hauts revenus qui en bénéficient car ils consomment davantage que les revenus faibles, nous expliquait en septembre dernier Frédéric Bizard, professeur à l'ESCP.
Reste que, pour l'heure, le Nouveau Front populaire n'a pas davantage détaillé sa proposition. Le programme de l'alliance de gauche se contente de promettre un blocage des prix des biens de première nécessité, sans préciser les produits concernés, notamment alimentaires.