Législatives: le rétablissement de l'impôt sur la fortune s'invite dans la campagne

Après les retraites, au tour de l'impôt sur la fortune de s'inviter dans la campagne des législatives anticipées. A deux semaines du premier tour, les forces en présence dévoilent peu à peu leur programme. Du côté des oppositions, le Nouveau Front populaire comme le Rassemblement national promettent de revenir sur la réforme de 2018 qui avait remplacé l'ISF par un impôt sur la fortune immobilière (IFI).
Actuellement, l'IFI concerne les personnes ayant un patrimoine immobilier dont la valeur nette est supérieure à 1,3 million d’euros. Pour elles, le calcul de l'impôt débute dès 800.000 euros avec un taux d'imposition de 0,5% jusqu'à 1,3 million, de 0,7% entre 1,3 et 2,57 millions, de 1% entre 2,57 et 5 millions, de 1,25% entre 5 et 10 millions et de 1,5% pour la tranche au-delà de 10 millions.
Un ISF pour financer les services publics à gauche
À la place de cet impôt, le Nouveau Front populaire indique dans son programme vouloir rétablir un ISF renforcé "avec un volet climatique", sans apporter davantage de détails.
Ce qui est certain, c'est que cela ne concernerait donc plus uniquement le patrimoine immobilier. Récemment les économistes Julia Cagé et Thomas Piketty, soutiens de la gauche, ont proposé un ISF reprenant la formule d'avant 2018, mais avec un barème modifié et des taux de prélèvement relevés. Ils proposent concrètement de taxer à hauteur de 1% la tranche de patrimoine comprise entre 1 et 10 millions d'euros, à 2% entre 10 et 100 millions d'euros et à 3% au-dessus de 100 millions d'euros. Aucune exonération ne serait possible contrairement à l'ancien ISF.
Avec ce nouvel impôt sur la fortune, les deux économistes tablent sur 30 milliards d'euros de recettes qui serviraient à financer les services publics. À titre de comparaison, l'IFI actuel rapporte 2,35 milliards d'euros à l'État tandis que l'ancien ISF rapportait environ 4 milliards d'euros avant son remplacement.
Le RN plaide pour un impôt sur la fortune financière
Depuis la campagne présidentielle de 2022, le Rassemblement national promet de remplacer l'actuel IFI par un impôt sur la fortune financière duquel la résidence principale sera exonérée. Le barème de taxation devrait en revanche rester le même que celui qui s'applique aujourd'hui. En 2021, Marine Le Pen estimait que cet impôt toucherait 250.000 personnes et rapporterait 3,4 milliards d'euros.
Interrogé par Les Echos, Renaud Labaye, secrétaire général du groupe RN à l'Assemblée, explique qu'en cas de victoire de son camp aux législatives, il y aura un "temps un" qui sera consacré aux mesures d'urgence et un "temps deux" aux réformes plus profondes. La mise en oeuvre de l'impôt sur la fortune financière devrait elle intervenir "en fin de 'temps un' ou en début de 'temps deux', en fonction de nos besoins de financement", a ajouté Renaud Labaye.
La majorité pas contre un ISF mondial
La majorité actuelle, elle, ne souhaite pas revenir sur l'Impôt sur la fortune immobilière qu'elle a mis en place. Invité de Quotidien jeudi, Gabriel Attal a dit être "en désaccord" avec l'idée d'un nouvel ISF parce qu'"on est le dernier pays de l'Union européenne à avoir un impôt sur la fortune". "On l'assume. On a supprimé l'ISF mais on a gardé l'IFI", a ajouté le Premier ministre.
Il s'est en revanche dit favorable à un ISF mondial. "Je suis pour qu'on obtienne des décisions de ce point de vue là au niveau international. On a réussi à le faire sur les multinationales (...). On a obtenu un accord mondial à l'OCDE: on a une taxation mondial minimal des multinationales qui est mise en place", a-t-il rappelé. De quoi lui faire dire qu'"on peut faire la même chose sur les hauts patrimoines. Parce que si on décide de rajouter encore une taxe en France, c'est assez facile pour quelqu'un de changer de pays".