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Négociations commerciales: l'agroalimentaire sous les "pressions" et "menaces" des distributeurs

72% des répondants estiment que "les distributeurs ne respectent que partiellement, voire très peu, les dispositions de l'ordonnance sur l'encadrement des promotions", pilier de la loi Alimentation.

72% des répondants estiment que "les distributeurs ne respectent que partiellement, voire très peu, les dispositions de l'ordonnance sur l'encadrement des promotions", pilier de la loi Alimentation. - Charly Triballeau- AFP

Selon un sondage mené par l'Association nationale des industries alimentaires, 96% des entreprises estiment que la situation avec leurs clients de la grande distribution n'est pas meilleure depuis l'adoption de la loi Alimentation. Ces derniers continuent de faire pression sur les prix.

La loi Alimentation a-t-elle manqué son objectif? C'est le sentiment des industriels de l'agroalimentaire. Car dans les "box" de négociations des distributeurs, où se pressent chaque année les fabricants de produits alimentaires pour négocier de nouvelles conditions tarifaires, l'ambiance n'est pas au beau fixe. 

"pressions, chantages, menaces"

A 15 jours de la fin des négociations commerciales, "La réalité (...) cette année s'avère aussi terrible que les années précédentes: demandes de baisses de prix systématiques de la grande distribution à l'encontre des entreprises alimentaires, pressions, chantage, menaces de sorties de rayons pour vos produits si vous n'acceptez pas les conditions imposées... et déjà le signalement de premiers contournements de la loi qui vient tout juste d'être mise en application!", dénonce l'Association nationale des industries alimentaires (Ania) dans un communiqué.

"Acheter au prix toujours le plus bas reste le seul leitmotiv des distributeurs, quelle que soit la qualité du produit, quelles que soient les démarches engagées vis-à-vis de l’amont agricole, quel que soit le coût des matières premières", poursuit l'association. 

"Ce constat inquiétant sera partagé dès aujourd'hui lors du Comité de suivi des relations commerciales organisé par Bruno Le Maire, Ministre de l'Economie et des Finances et Didier Guillaume, Ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation", assure l'Ania.

"Parce que nul n'est au-dessus des lois, nous appelons les pouvoirs publics à faire respecter la loi Egalim (états généraux de l'Alimentation, NDLR) et à sanctionner durement les infractions et contournements abusifs", ajoute l'association.

Le constat de l'Ania s'appuie sur un Observatoire des négociations commerciales s'appuyant sur "les retours de plus de 450 entreprises alimentaires de toutes tailles (95% de PME-ETI) et de tous secteurs".

La hausse des coûts des matières premières pas pris en compte

Selon cet observatoire, 96% des entreprises sondées estiment que la situation avec leurs clients de la grande distribution n'est pas meilleure, voire s'est dégradée, par rapport à l'an passé, et près de la moitié des entreprises n'ont toujours pas de visibilité sur leurs plans d'affaires 2019, à seulement 15 jours de la fin des négociations.

Les entreprises sont 77% à témoigner de "demandes de baisses de prix systématiques" et 71% des entreprises qui ont formulé des demandes de hausses de prix justifiées par des hausses de coûts de matières premières agricoles déclarent que ces demandes "n'ont pas été prises en compte".

Enfin, 72% des répondants estiment que "les distributeurs ne respectent que partiellement, voire très peu, les dispositions de l'ordonnance sur l'encadrement des promotions", pilier de la loi Alimentation.

Coralie Cathelinais avec AFP