Les jouets stars des années 90. Les cartes pokémon, un trésor sous le sapin?

Un classeur rempli de cartes Pokémon. - Flickr - CC Commons - Jeremy
"Bienvenue dans le monde magique des Pokémon, mon nom est Chen, mais les gens m’appellent souvent le prof Pokémon". C’est sur ses mots que démarrent en 1996 les jeux Pokémon version rouge et bleue, franchise à succès de la gameboy première génération.
D’abord apparus au format vidéoludique, les monstres de poche se sont déclinés sous différents formats, des céréales aux bonbons Pez, en passant par les figurines, les dessins animés ou les cartes à collectionner, un format aussi connu sous le nom de "TCG" pour "trading card game". Ces dernières se sont retrouvées sous les sapins de noël et dans les cours de récréation, formant une sorte de marqueurs parmi les jouets des années 90.
Dans la foulée du dessin animé et du jeu vidéo, le phénomène des cartes Pokémon prend énormément auprès de la jeunesse occidentale qui, depuis les années 80, est exposée à la culture que le Japon diffuse massivement au reste du monde par le biais des mangas, de l’animation japonaise, de club Dorothée et désormais des Pokémon.
Vendues pour 25 francs par booster (paquet de 11 cartes) et 75 francs par deck (paquet de 60 cartes) elles envahissent les primaires et les collèges. Véritable phénomène des cours de récréation, les monstres de poche sont dans toutes les têtes et toutes les mains, au point de créer un marché au sein même des écoles: à l'époque, certains établissements se voient même contraints d’interdire les cartes pour éviter que les plus convoitées ne s’échangent… Pour une centaine de francs l’unité!
Des cartes qui se vendent toujours massivement
Aujourd’hui les boosters ont un prix proche de la dizaine d’euros, mais les Pokéfans en achètent beaucoup plus. Contacté par BFM Business, Sébastien Paillier, président de Collectaura, une entreprise de certification de cartes à collectionner le soutient: "Le mode de consommation n’est plus le même qu’avant. Il y a 25 ans, les collectionneurs Pokémon achetaient un booster, maintenant les unités de mesures sont les ETB (paquet de 8 boosters) ou les display (paquet de 36 boosters), les gens consomment beaucoup plus de cartes qu’avant."
Un mode d’achat de cartes qui a eu une incidence sur le nombre de TCG en circulation. La Pokémon Company affirme que plus de 30 milliards de cartes se sont écoulées depuis 1996. Avant le Covid, la Pokémon Company passait par des intermédiaires pour imprimer ses cartes, la media factory au Japon et Wizard of the coast à l'international.
Le rythme de production avoisinait les 3,4 milliards de cartes. Depuis la fin du confinement, elle en maîtrise totalement la production et fabrique désormais 10 milliards de cartes annuellement. Pour comprendre le phénomène Pokémon, il faut ajouter à cette masse de carte l’achat-revente entre particuliers et les objets contrefaits.
Depuis le lancement de la franchise, certains ont cherché à profiter du succès des Pokémon et de la naïveté des jeunes acheteurs. Mais c’est une nuisance qui s’estompe assure Sébastien Paillier : "La contrefaçon n’est plus fréquente. Elle existe un peu dans les cours d’école et dans les vide-greniers, mais c’est très compliqué de reproduire des cartes sans que ça soit visible." Il ajoute que "depuis qu’on a ouvert le service de certification, on a traité à peu près 100.000 cartes et on a eu que 10 fausses cartes".
La franchise la plus lucrative de tous les temps
Pokémon, c'est aussi l'histoire d’un succès commercial. À son arrivée en Europe en 1999, la franchise représente déjà un chiffre d'affaires de 7 milliards de dollars au niveau mondial. Aujourd'hui, elle est devenue la franchise la plus lucrative au monde. On estime qu’elle a dépassé les 100 milliards de dollars de chiffre d'affaires total. À titre de comparaison, c’est quasiment trois fois supérieur à celui de la saga Harry Potter.
On ne sait pas quelle part de ce chiffre d'affaires se partagent les TCG aux côtés des jeux vidéo et des produits dérivés, mais c’est un secteur en pleine expansion. Il y avait eu un pic à la sortie du confinement, car beaucoup d’enfants des années 90, devenus depuis adultes, se sont plongés dans leurs vieux cartons et ont renoué avec cette passion.

"La première vague s’explique par la covid money: les gens ne pouvaient pas aller en terrasse ou en discothèque donc pour se faire plaisir, ils achetaient des cartes pokémon. Ensuite, Logan Paul, le youtubeur à succès devenu depuis combattant de MMA, a commencé à ouvrir des boosters sur sa chaîne et, en cascade, tous les autres gros influenceurs ont suivi", affirme le patron de Collectaura.
Mais cette ascension devrait perdurer: "Là, en 2024, et avec la sortie de la collection ‘Étincelles déferlantes’, les cartes sont au goût des acheteurs, les gens se sont rués dessus", ajoute-t-il.
Des collectionneurs passionnés, mais qui n’ont pas forcément le goût du jeu. Très peu d’entre eux participent à des tournois, ils préfèrent échanger, acheter ou vendre des cartes. Les plus recherchées d’entre elles se revendent à prix d’or: Le Pikachu alternatif d'Étincelles déferlantes’ est estimé entre 500 et 600 euros, tandis que certaines cartes de la première édition de 1999 se vendent toujours à plusieurs milliers d’euros.
Qui sait, peut-être que le grenier de vos parents renferment des trésors de nostalgie et de Pokémon?
Les cartes Pokémon: comment ça marche?
Les cartes représentent les fameux 150 monstres de poche de la première génération, avec chacun un type, des points des vies et des attaques. Elles se rapprochent des mécanismes d’autres jeux sortis plus tôt, comme les cartes de "Magic l'assemblée".
Le but d’une partie de carte Pokémon est de réussir à mettre KO les six créatures de l’adversaire en jouant sur les forces et les faiblesses des monstres présents sur le plateau. La force des cartes est basée sur un équilibre des puissances sur la logique d’un "pierre-feuille-ciseaux". Par exemple, les personnages de type "feu" sont plus forts contre leurs rivaux de type "plante" mais moins efficaces contre ceux de type "eau". Le tout s’imbrique dans un ensemble de sept types différents si l’on ajoute à ceux précédemment cités les types "psy", "combat", "electric" et "incolore".