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Faute de trouver des logements, les Français achètent de moins en moins de meubles

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Le marché de l'ameublement s'est replié nettement en 2024, notamment pour la cuisine et la salle de bain. Une conséquence de la crise immobilière qui freine les déménagements.

Quand la construction souffre, c'est toute la filière de l'ameublement qui trinque. Les Français ont reporté leurs achats de meubles en 2024, le marché de l'ameublement accusant une baisse de 5% en valeur sur l'année. Il est repassé sous la barre des 14 milliards d'euros, victime de la crise immobilière. Les deux sont étroitement liés. Un tiers des achats est réalisé à l'occasion d'un déménagement.

Une souffrance particulièrement marquée pour les cuisines intégrées (-6,2%) et la salle de bain (-7,2%). Des segments qui représentaient 22% des achats en post-covid, mais aujourd'hui, en raison du marché de l'immobilier en berne, les ménages n'ont pas renouvelé leur équipement.

Les meubles de jardin ont été, eux, délaissés en raison de la météo pluvieuse (-8,4%). L'été est arrivé très tard et malgré les promotions, les stocks sont au plus haut. Seule la literie fait un peu mieux (-2,1%) car elle est changée un peu plus souvent. Il y a également l'attrait d'avoir des lits toujours plus grands, en 160 ou 180cm. Bon élève enfin, le segment des canapés, qui séduit les ménages aux revenus plus élevés et à la recherche de confort.

Spécialistes ou grandes surfaces, pas de jaloux

Tous les circuits de distribution sont affectés par le ralentissement du marché, que ce soit les spécialistes du secteur (-4,2%), la grande distribution (-4,4%) ou le e-commerce (-6,9%). Le choc est encore plus violent pour le secteur du bricolage (-8,7%) qui avait fortement bénéficié des confinements. Les performances du circuit se replient progressivement à mesure que les ménages annulent ou reportent leurs projets de travaux.

Même les discounter connaissent des difficultés. Gifi et Stokomani ont engagé des plans de réorganisation. Globalement, la filière note l'an dernier une forte baisse des recherches par mot-clé sur Google, de l'ordre de 20%. Une chute sur le net tout aussi importante que la baisse de fréquentation en magasin. Les professionnels espèrent une reprise au cours de l'année.

"Le taux d'inflation est revenu à un niveau gérable", explique Jean-Charles Vogley, directeur général de la Confédération nationale de l'équipement du foyer.

"Le coût de l'énergie, une contrainte dans le budget des ménages, a commencé à s'inverser, notamment pour l'électricité et les taux d'emprunt immobilier ont commencé de façon sensible à reculer. On avait atteint un pic, on est redescendu en dessous de 3,5%, donc ça c'est plutôt positif."

D'ailleurs de premiers signes de frémissement du marché immobilier ont été constatés. Selon le ministère de la Transition écologique, pour la première fois depuis de longs mois, le nombre de permis de construire accordés pour des logements a augmenté en octobre 2024 de 12,9%.

Des innovations en attendant la reprise

En attendant la confirmation de cette reprise, les professionnels de l'ameublement formulent le souhait de voir l'épargne des Français fléchée vers le secteur du meuble. Ils demandent à Bercy de permettre aux français de débloquer 10.000 euros sur deux ans sur leur PEL (Plan épargne logement) pour acheter des meubles neufs. Une proposition mainte fois renouvelée qui n'a jamais été entendue jusqu'à présent.

Outre cette demande, les enseignes ont surtout poursuivi une politique active de baisse des prix et d’offres promotionnelles. Ikea a par exemple baissé le prix de plus de 2.000 références en septembre dernier. But et Conforama ont intensifié leurs promotions tout au long de l'année. Elles offrent pratiquement toutes des solutions de financement avantageuses pour déclencher l'acte d'achat avec de multiples facilités de paiement. Près de 40 % des crédits à la consommation sont en effet utilisés pour acheter un ou plusieurs biens d’équipement de la maison ou payer des travaux d’amélioration du logement.

D'autres, comme Schmidt Groupe, lancent de nouveaux concepts. Le groupe a lancé Spoon&Room, une marque à destination des jeunes citadins, qui propose des meubles modulables et évolutifs, à personnaliser.

Les acteurs de la filière imaginent donc une reprise plus franche mi-2025, mais ils restent lucides, l'activité sera conditionnée au moral des ménages et au marché immobilier. Alors en attendant, pour soulager la trésorerie des PME, les professionnels demandent une possible renégociation des PGE contractés durant le Covid, sans impact sur la notation financière des entreprises. Afin de défendre leur secteur, ils souhaitent par ailleurs obtenir des pouvoirs publics un contrôle renforcé et des sanctions significatives à l'encontre des sites de vente en ligne, du type Temu, qui ne respectent pas la réglementation.

Hélène Cornet