Des laits pour bébés Nestlé et Danone seraient contaminés par des dérivés de pétrole

- - GUILLAUME SOUVANT / AFP
L’ingrédient est pour le moins inattendu dans la recette de laits pour bébés. Dans les boîtes de certaines marques, notamment chez Nestlé et Danone, on trouve des huiles minérales. Ces substances sont un dérivé de pétrole normalement utilisé comme lubrifiant ou comme anti-poussière. Et elles apparaissent en quantité "inacceptable" dans certains laits infantile, d'après les tests qu’a fait réaliser l’association Foodwatch par des laboratoires indépendants sur 16 boîtes de différentes marques.
L’ONG qui défend une alimentation saine et sans risque a révélé ces résultats ce jeudi. Or, rappelle-t-elle, ces substances sont reconnues comme potentiellement cancérogènes, mutagènes et perturbateurs endocriniens, en France comme en Europe. En conséquence, Foodwatch réclame le rappel de ces laits infantiles dont certains sont vendus dans l’Hexagone, et d’autres en Allemagne et aux Pays-Bas.
Pour la France, l’association met en cause le Nidal Lait en poudre 1er âge de 0 à 6 mois, du groupe Nestlé, et le Gallia Galliagest croissance sans lactose, de 12 mois à 3 ans, cette fois fabriqué par Danone. Foodwatch vient également de lancer une pétition pour exiger des industriels de l’agro-alimentaire l’engagement de faire disparaître ces substances des produits qu’ils vendent. A l’heure où nous publions, plus de 6000 personnes l’avaient signée.
Ces laits ne "présentent pas de risques immédiats ou aigus, il n’est pas question d’emmener les enfants qui les ont consommés à l’hôpital", insiste Camille Dorioz, responsable de campagne de l’association. Mais ils font courir des risques à long terme pour ces bébés. "Les perturbateurs endocriniens, par exemple, sont susceptibles d’altérer leur croissance ou le bon fonctionnement de leurs hormones lorsqu’ils atteindront la puberté", souligne encore Foodwatch.
Comment ces substances nocives se sont-elles retrouvées dans des laits infantiles? Foodwatch émet l’hypothèse que cette contamination est involontaire, et qu’elle viendrait de la boîte en aluminium dans laquelle sont vendus ces laits. Mais seuls les industriels qui les fabriquent peuvent identifier précisément la source de cette contamination. Nestlé ne commentaient pas encore à l’heure où nous publions. Danone, dans un communiqué, a tenu a réagir à la pétition.
"La qualité et la sécurité de nos produits est un impératif absolu car la santé des enfants est notre raison d’être. C’est pour cette raison que nos standards internes imposent des contrôles extrêmement rigoureux qui vont au-delà de la réglementation applicable. Nous n’utilisons pas de composé d’huiles minérales dans nos recettes. Nous contrôlons régulièrement leur éventuelle présence dans nos produits dans le cadre de nos plans de vigilance depuis plusieurs années. Nos contrôles réalisés ne mettent en évidence aucune trace détectable d’huiles minérales aromatiques. Nous tenons à rassurer nos consommateurs que nos produits peuvent être consommés normalement."
Une première alerte en 2015
Ce n’est pas la première fois que l’ONG sonne les cloches des industriels sur la contamination aux huiles minérales. En 2015 déjà, Foodwatch pointait la présence de ces substances dans des boites de lentilles ou de pois-chiches emballés dans des boites cartonnées.
"L’affaire avait fait grand bruit, les groupes agro-alimentaires avaient promis de faire disparaître ces huiles minérales des produits consommables. L’Anses avait même émit un avis en 2017 pour que le retrait de ces substances des aliments soit une priorité", rappelle le porte-parole de l’association.
Entre temps, rien n’a bougé, déplore Foodwatch. "Nous avions beaucoup communiqué avec Nestlé en 2015 sur ce sujet. Et trois ans plus tard, des 5 laits de la marque que nous avons testés, 3 présentaient des traces de contamination aux huiles minérales".
A l’heure actuelle, en France, la présence de ces substances dans des aliments n’a jamais donné lieu à un rappel des produits contaminés. Mais Foodwatch estime que "s’agissant de produits pour les tous petits, ce serait justifié".