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Après le tournesol, pourrait-on manquer d'huile de palme?

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L'Indonésie a suspendu toutes ses exportations d'huile de palme, largement utilisée dans l'industrie agroalimentaire. L'archipel en est le premier producteur mondial.

Après l'huile de tournesol, l'huile de palme? Cette dernière pourrait bientôt manquer: l'Indonésie a annoncé jeudi dernier la suspension de toutes ses exportations d'huile de palme, dont le pays est le premier producteur de la planète et représente environ 35% des exportations mondiales. Une mauvaise nouvelle pour le marché des oléagineux, déjà déstabilisé par la guerre en Ukraine et ses fortes tensions sur le tournesol - les cours des huiles végétales ont atteint de nouveaux sommets après la décision indonésienne.

Pris en étau entre des problèmes de distribution et des producteurs qui préfèrent écouler leurs stocks sur les marchés internationaux pour profiter de la hausse des cours, l'Indonésie peine à satisfaire la demande de ses 270 millions d'habitants, qui l'utilisent largement comme huile de cuisson, et la colère gronde auprès des Indonésiens. Craignant la montée des tensions sociales, Jakarta ferme le robinet de l'huile de palme pour privilégier l'approvisionnement de la population de l'archipel et tenter de juguler la flambée des prix.

Du côté de l'industrie agroalimentaire, où l'huile de palme entre dans la composition d'un grand nombre de produits, on s'inquiète. "C'est une très mauvaise nouvelle", déplore Jérome Foucault, président de l'Association des entreprises de produits alimentaires élaborés (Adepale). Biscuits, gâteaux, biscottes, chocolats, pâtes à tartiner, margarines, fritures… L'huile de palme est un peu partout dans les rayons des supermarchés, d'autant qu'elle est aussi utilisée dans certains cosmétiques et produits d'hygiène.

Colza, soja et coprah

Sur les lignes de production, une absence de l'huile de palme, ou plus probablement une présence moins importante, risque d'être difficile à gérer. Impossible de se reporter sur le tournesol, déjà au bord de la pénurie. Surtout, même si le colza, le soja ou la graisse de coprah prennent le relais, cela nécessite des adaptations techniques coûteuses pour les entreprises. L'huile de palme possède des caractéristiques particulières: changer d'huile, c'est aussi changer de goût, de texture ou de température de cuisson.

La suspension des exportations indonésiennes est "un vrai coup dur" qui va "tirer vers le haut les coûts de production", confirme Jérôme Foucault, qui estime que cette décision va encore contribuer à la hausse des prix des produits alimentaires.

Un éventuel changement de recette pourrait, en tout cas, profiter de la brèche ouverte pour l'huile de tournesol: les fabricants ont été récemment autorisés à changer la composition de leurs produits sans changer immédiatement les emballages. Reste que, contrairement au tournesol, les tensions sur l'approvisionnement en huile de palme pourraient être temporaires: il faut rapidement presser le fruit du palmier après l'avoir cueilli, car il ne se conserve pas longtemps, et les capacités de stockage sont limitées en Indonésie.

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV