Changement d'heure: pourquoi est-il encore maintenu?

Le passage à l'heure d'hiver interviendra, cette année, dans la nuit du samedi 29 au dimanche 30 octobre. A 3h du matin, les Français devront reculer leur montre d'une heure.

Les Français gagneront une heure de sommeil dans la nuit de samedi à dimanche. Un passage à l'heure d'hiver qui intervient chaque année à la même période, lors du dernier dimanche d'octobre. Pourtant, ce changement d'heure fait l'objet de nombreuses critiques. À tel point qu'il devait même disparaître en 2021. Pourquoi est-il encore maintenu?

Le changement d'heure tel qu'on le connaît aujourd'hui date de 1976 en France. C'est un décret publié en septembre 1975 qui l'introduit. L'objectif: basculer en heure d'été pendant une partie de l'année (du dernier dimanche de mars au dernier dimanche d'octobre) pour faire des économies d'énergie, notamment liées à l'éclairage.

"Le changement d'heure a été instauré principalement dans le but de réaliser des économies d'énergie à la suite du choc pétrolier de 1973-1974 et l'envolée des prix du pétrole", précise le site vie-publique.fr.

"Des économies réelles mais modestes"

Pourtant, l'objectif initial ne semble plus que très partiellement atteint aujourd'hui. Selon l'Ademe (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), le passage à l'heure d'été permettait de générer des économies d’environ 0,07% de la consommation annuelle d’électricité, soit 351 GWh/an, en 2014. "Le changement d’heure permet des économies en énergie et CO2 réelles mais modestes", estimait ainsi l'agence en 2015.

Des économies qui ont en plus tendance à baisser avec le temps. En 1996, elles étaient estimées à 1200 GWh/an par an et de 440 GWh/an dans les années 2000. Toujours selon l'agence, la projection pour 2030 serait au mieux de 300 GWh/an.

À ces moindres bénéfices s'ajoutent certains inconvénients. Selon l’Institut national du sommeil et de la vigilance, "on rapporte notamment dans la semaine qui suit le passage à l’heure d’été, une augmentation des accidents de voiture, des infarctus du myocarde et des états dépressifs".

Une suppression prévue en... 2021

Si bien que la légitimité du changement d'heure est sérieusement interrogée. En 2018, une consultation publique est organisée à la demande du Parlement européen auprès des habitants de l'Union européenne. La majorité des 4,6 millions de répondants se disent favorables à sa suppression. L'année suivante, l'Assemblée nationale lance sa propre consultation. Résultat: 84% des 2 millions de Français ayant répondu se prononcent aussi pour sa levée.

Dans la foulée, un projet de directive est proposé par la Commission européenne. Le texte, définitivement adopté fin 2020, prévoit la suppression du changement d'heure en 2021. Chaque Etat doit alors choisir de rester soit à l'heure d'hiver, soit à l'heure d'été.

Mais, entre-temps, la crise sanitaire a complètement arrêté les réflexions sur le calendrier de son application à l'échelle européenne. Et la guerre en Ukraine semble avoir définitivement relégué le sujet au second plan.

"Ce texte sur la fin du changement d'heure n’est plus à l’ordre du jour et ne devrait pas être discuté dans un avenir proche", a indiqué le gouvernement sur son site. 

Le changement d'heure, dont la suppression ne semble plus envisagée, pourrait donc être maintenu pour encore de nombreuses années.

Nina Le Clerre