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8 Français sur 10 sont favorables à l'impôt, en forte hausse depuis trois ans

L'impôt sur la fortune immobilière remplace l'ISF

L'impôt sur la fortune immobilière remplace l'ISF - AFP

Alors que les prélèvements obligatoires ont diminué de 52 milliards d'euros depuis 2017, le consentement des Français à l'impôt fait un bond de 25 points, selon un sondage commandé par la Cour des Comptes.

Trop d'impôt tue le consentement à l'impôt. L'inverse de l'adage semble aussi se confirmer. Alors que la pression fiscale aura diminué de 52 milliards d'euros sur le quinquennat avec la suppression de la taxe d'habitation et la diminution de l'impôt sur le revenu, la part des Français marquant leur consentement à l'impôt a fait un bond spectaculaire.

Selon un sondage Harris Interactive commandé par la Cour des Comptes et le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) et dévoilé par L'Opinion, près de huit Français sur 10 (79%) considèrent que payer des impôts constitue un acte citoyen. Un chiffre en très forte hausse de 25 points depuis le dernier sondage réalisé sur le sujet. 68% d'entre eux estiment même être satisfaits de leur relation avec l'administration fiscale.

Dans la décennie précédente, le consentement à l'impôt des Français s'était fortement dégradé. En 2013, seuls 57% d'entre eux jugeaient dans un sondage Ipsos pour BFMTV et Le Monde que payer des impôts constituait un acte citoyen. Cette part avait même chuté à 54% en 2018 dans une nouvelle consultation réalisée en plein coeur de la crise des gilets jaunes.

65 milliards d'impôts de plus

Un "ras-le-bol fiscal" qui faisait suite à une forte hausse de la fiscalité entre 2011 et 2014 pour redresser les comptes publics qui s'étaient fortement dégradés après la crise de 2008. Durant cette période, la fiscalité s'était accrue de 65 milliards d'euros entamant fortement le consentement des Français à l'impôt. Un rejet qui avait atteint son point d'orgue en 2018 avec le projet de taxe carbone qui avait entraîné le mouvement des gilets jaunes. Cette année-là, 47% des Français approuvaient même la décision de certains contribuables "de s'installer à l'étranger pour payer moins d'impôt", un record.

Si la perception des Français s'est améliorée ces dernières années par rapport au principe de l'impôt, ils jugent toutefois que la fiscalité est trop importante en France. 75% des personnes interrogées estiment que les prélèvements sont globalement trop élevées dans le pays. Concernant leur situation personnelle, ils ont une perception un peu moins défavorable puisqu'ils sont 60% à juger trop en payer.

"Malgré un apaisement apparent du débat fiscal au cours des dernières décennies, l’acceptation de l’impôt ne peut jamais être considérée comme acquise, note le Conseil des prélèvements obligatoires dans son étude. Les mobilisations antifiscales, comme le mouvement des "bonnets rouges" contre l’écotaxe en 2013, ou celui des Gilets jaunes à la fin de 2018, traduisent la fragilité de l’acceptation des prélèvements."

En pleine campagne présidentielle, les bons chiffres concernant le consentement ne doivent donc pas être perçus comme un blanc seing pour augmenter les impôts pour rembourser la "dette Covid". D'autant que près de 70% des personnes interrogées jugent le système fiscal peu équitable et plus de 60% ne sont pas satisfaits de la manière dont l'Etat dépensent l'argent perçu.

*L’enquête été réalisée en ligne par le groupe Harris Interactive auprès d’un échantillon de 1013 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus, qui a été constitué suivant la méthode des quotas selon le sexe, l’âge, la catégorie socio-professionnelle (PCS), la région, la taille d’agglomération. Celles-ci ont été redressées suivant les mêmes critères. Les questions ont été posées entre le 3 et le 8 septembre 2021.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco