"Tout était fait pour la dévaloriser": les parents de Charlize, qui s'est suicidée après avoir été harcelée à Nice, témoignent

Les parents de Charlize, victime de harcèlement scolaire. - BFM Nice Côte d'Azur
Leur coeur est meurtri, mais ils veulent poursuivre leur combat, pour éviter "d'autres drames à d'autres parents". Dans Nice-Matin, Jérémy et Delphine, les parents de Charlize, se confient sur la descente aux enfers de leur fille jusqu'à son suicide le 22 novembre dernier, après des années de harcèlement scolaire.
La jeune niçoise a succombé à sa troisième tentative de suicide et a été retrouvée par son père, inerte, au domicile familial. Les parents ont expliqué vivre "au quotidien avec une plaie ouverte" et sont habités par un "sentiment d'injustice" face au manque de réaction et les maladresses des autorités compétentes.
Particulièrement touchée par le décès de son grand-père en 2019, la jeune fille, décrite comme "hypersensible, très empathique, très sociable, extrêmement gentille" par ses parents, a rapidement été suivie par un psychologue scolaire.
Des insultes, des gifles...
C'est à cette époque que le harcèlement a débuté. " Nous lui avons dit de noter sur un cahier tout ce qu’on lui disait. Tout était fait pour la dévaloriser. On lui disait qu’elle était débile, conne..." raconte son père au quotidien niçois. Un harcèlement perpétré parfois par ses propres amies et qui se transforme parfois en agressions physiques à travers des gifles.
Début 2022, Charlize réalise une première tentative de suicide avec des médicaments. Ses parents demandent à ce qu'elle soit changée d'établissement. Dès la semaine suivante, la jeune fille quitte le collège privé Nazareth pour en rejoindre un autre, Don Bosco.
Malgré le bon accueil de l'établissement, les parents de Charlize apprennent par la psychologue du collège que leur fille ne mange pas et se scarifie. Elle est alors hospitalisée pendant deux mois et demi et fait une deuxième tentative de suicide au mois de mai 2022.
"Toujours aux médicaments, mais plus violent. C’était horrible. C’est là qu’on a écrit au rectorat. On nous a dit: 'êtes-vous sûrs que c’est une bonne chose de porter plainte? N’est-ce pas mieux d’aller de l’avant?' Incroyable!", assurent Jérémy et Delphine.
"S’il y a un doute, ne laisse pas passer"
Le harcèlement subit par Charlize est "la goutte d'eau qui a fait déborder le vase" pour ses parents. Le 22 novembre 2023, la jeune fille met fin à ses jours après quatre années de souffrance psychologique.
"On minimise souvent les choses, on compare à ce qu’on a connu. Mais les enfants sont différents de nous. On ne vit pas à la même époque, on n’a pas été éduqué de la même manière. Aujourd’hui, j’aurais tendance à dire à un parent: s’il y a un doute, ne laisse pas passer. Il faut creuser", insistent-ils auprès de Nice-Matin.
Interrogés par BFM Nice Côte d'Azur en avril, les deux parents portaient un tee-shirt avec une inscription "Les mots peuvent tuer". "Il faut arrêter de penser que ce sont juste des mots. Car les mots, ça s’ancre dans un coin de la tête...", ont-ils tenu à ajouter dans leur entretien avec le quotidien azuréen.
Un numéro contre le harcèlement scolaire: 3018
Si un élève est victime de harcèlement scolaire, lui ou ses proches peuvent contacter le 3018, le numéro national de référence. Il est gratuit, anonyme et confidentiel, disponible 7j/7, de 9 heures à 23 heures.