"Soulagé d’être sorti de ce cauchemar": acquitté du meurtre de sa compagne, l'artiste niçois Otom témoigne
Soulagé et heureux. Quelques heures après avoir été acquitté du meurtre de sa compagne à l'issue d'un procès fleuve de plus de deux mois aux Seychelles, Thomas Debatisse a accepté pour BFM Nice Côte d'Azur de revenir sur le cauchemar vécu depuis un an.
"C’est un mélange de bonheur et de soulagement. Ça n’efface pas le drame que j’ai vécu, c’est avant tout à ça que je pense. Je suis soulagé d’être sorti de cet imbroglio judiciaire, de ce cauchemar. Ça fait du bien mais il n'y a pas de raison de pavoiser", affirme le street-artiste niçois connu sous le nom d'Otom.
"Un cauchemar" à 7000 km de Nice
Le 27 avril 2021, sa compagne Emmanuelle Dibanga, 32 ans, gérante d'un lieu dédié à de l'événementiel à Nice, avait été retrouvé pendue à l'accroche-serviettes de leur salle de bain au Club Med de l'île de Saint-Anne, où séjournait le couple. Quelques jours plus tard, le 5 mai 2021, Thomas Debatisse avait été incarcéré, accusé de l'avoir tué.
"C’est kafkaien, dans le sens où du jour au lendemain ma vie a basculé et celle de tous mes proches. On perd totalement le contrôle sur sa propre vie, on est embarqué dans une histoire qui n’a aucun sens", raconte l'artiste.
"Etre accusé à tort, ne rien pouvoir faire, personne ne vous écoute, personne ne vous croit, dans un pays à 7000 km de chez moi, c’est un cauchemar".
Pendant quatre mois environ, Thomas Debatisse raconte avoir été enfermé "dans une cellule de commissariat, un cachot pas du tout fait pour la détention", autorisé à sortir "20 minutes par semaine dans le parking" et soutenu par ses avocats "qui essayaient de venir (le) voir une fois par semaine".
"Pendant quinze jours, j'ai dormi par terre sur le béton, les conditions sanitaires étaient catastrophiques", décrit-il.
Un jury "neutre"
Finalement, transféré à la prison centrale, il retrouve "des conditions un peu meilleures", avec un matelas, "une petite alcôve" et "des co-détenus" avec qui il y avait "un peu plus d'entraide".
De son procès, le street-artiste retient une procédure entièrement à charge. "A partir du moment où le médecin seychellois est rentré dans l’idée que c’était un meurtre par étranglement, personne n’a cherché ailleurs, ou à comprendre", explique Thomas Debatisse, dont la défense s'est appuyée sur une enquête française privilégiant l'hypothèse d'une pendaison et donc d'un suicide.
"Rien ne m’a été épargné, que ce soit dans les témoignages plus qu’approximatifs et fumeux de certains témoins de l’accusation, comme la manière dont a été traité le dossier depuis le début (...) Ils se targuaient d‘avoir 25 témoins, mais dans ces témoins il ne manquait peut-être que le jardinier du commissariat", tacle aujourd'hui l'artiste.
"Le jury a réussi à rester neutre, ça a été une grande chance pour moi", se dit-il.
Désormais libre, le Français espère "évidemment essayer de rentrer le plus tôt possible" à Nice, pour "retrouver (ses) proches, (son) père, (ses) amis du BMX et du monde de l'art". "Retrouver des bases solides pour continuer d'avancer malgré tout", ajoute-t-il.
"Ça a été la pire épreuve de ma vie, la plus difficile, je suis content d’en être sorti" conclut le jeune homme, remerciant "tous les gens qui (l'ont) soutenu". "Les lettres de soutien que j’ai reçu (...) ça m’a sauvé la vie quand j’étais au plus bas, au fond de mon cachot".