Procès de l'attentat de la basilique de Nice: le père Parmentier revient sur son "incompréhension" et sa "colère"

Une cour d'assises spéciale pour juger, mais aussi pour "écouter" la douleur des proches des victimes. Le procès de Brahim Aouissaoui, jugé pour avoir assassiné trois personnes dans la basilique Notre-Dame de Nice le 29 octobre 2020, se poursuit à Paris. Si l'accusé se mure dans le silence, les proches des victimes ont pu s'exprimer, tout comme le père Franklin Parmentier, curé de la basilique, pour qui ce procès était "l'occasion de dire comment nous on a vécu cet attentat".
"Ça fait quatre ans et demi qu'on essaie de continuer, de remettre du beau, de la paix, de la lumière, c'est le message qu'on a essayé de faire passer", confie le curé sur BFM Nice Côte d'Azur.
"On n'a pas voulu baisser les bras, même si le moment est parfois difficile. D'être confronté à cet homme (...) qui se reconnaît sur les vidéos mais qui ne reconnaît pas ce qu'il a fait, c'est pas toujours évident, on revit des événements du passé qui ont été marquants et douloureux", poursuit-il.
"Il y a des moments où on est fatigué"
Franklin Parmentier a été traversé par de nombreuses émotions. "ll y a eu de l'incompréhension, parfois il y a eu de la colère, parfois il y a eu du déni, j'ai pris beaucoup soin avec l'équipe de la basilique de remettre des choses belles mais il faut aussi parfois s'occuper de soi, j'ai pris conscience qu'il fallait que je m'occupe de moi".
Pour autant, le curé n'a pas souhaité quitter la basilique. "Il y a des moments où on est fatigué, on tient la barre, mais de temps en temps la barre est difficile. Heureusement on n'est pas seul, on a des confrères, on a des personnes qui sont là avec nous, on a aussi des personnes qui entrent dans la basilique et nous remercient, ça a permis de surmonter des moments plus difficiles", raconte-t-il.
Tour à tour ce mercredi 19 février, les deux filles de Vincent Loquès, le sacristain égorgé par Brahim Aouissaoui, les soeurs et les fils de Simone Barreto Silva, une mère de famille tuée de 25 coups de couteau et le mari de Nadine Devillers, une paroissienne décapitée avec un couteau de cuisine, ont pu témoigner à la barre. Le curé y a entendu "beaucoup de dignité, beaucoup d'humanité".
"On touche du doigt comment un acte qui a duré quelques minutes a bouleversé la vie de cette famille, il manque quelqu'un. (...) Ce n'est pas juste des faits, il y a aussi toute une épaisseur humaine qui est là et qui a du mal à cicatriser, c'est pour ça aussi que le procès est important, pour qu'on écoute cela", estime le curé niçois.
Le procès doit s'achever le 26 février. L'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.