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"On va les accompagner": à l'Unoc, Agnès Pannier-Runacher promet de soutenir les pêcheurs locaux

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Interrogée au micro de BFM Nice Côte d'Azur sur l'avenir des petits pêcheurs de la Méditerranée, la ministre Agnès Pannier-Runacher a assuré vouloir les "accompagner" pour qu'ils puissent répondre aux normes européennes dans les meilleures conditions et qu'ils aient accès à une pêche durable.

Les pêcheurs comptent faire entendre leur voix pendant le sommet des Océans. Jusqu'au 13 juin, les chefs d'État et de gouvernement du monde entier sont réunis à Nice pour identifier et mettre en œuvre des solutions concrètes et durables aux principaux défis auxquels l'océan est confronté.

Un moment crucial pour les professionnels de la pêche niçois, qui en profitent pour réclamer à nouveau un statut particulier pour les petits pêcheurs. Lundi, à l'ouverture de la troisième conférence de l'ONU sur les océans (Unoc), ils ont manifesté place Garibaldi pour dénoncer des normes européennes trop importantes qui leur sont imposées.

"On veut sauver notre métier", a résumé tout simplement Thierry lors de la manifestation. "On n'est pas écoutés par nos représentants", a dénoncé à son tour Nicolas.

Vers une pêche toujours plus durable en Europe

Inquiets sur leur avenir, ils évoquent la réalité du terrain, où depuis des années le nombre de pêcheurs baisse. Ils craignent de ne tout simplement pas survivre aux multiples normes européennes.

"On va les accompagner", assure la ministre de la Transition écologique et de la Pêche Agnès Pannier-Runacher à l'antenne de BFM Nice Côte d'Azur. Les normes européennes si décriées par les pêcheurs sont au contraire pour l'État l'outil clé à la survie de la profession.

"Quel est l'enjeu que nous avons? C'est de faire en sorte que les pêcheurs aient encore du poisson dans la mer dans 10 ans, dans 20 ans", résume la ministre. "Donc nous sommes obligés d'appliquer ces règles."

Les normes européennes représentent une "pêche plus durable", "qui sont aussi des garanties de sécurité et qui permettent d'améliorer la traçabilité de la ressource halieutique".

Pas de statut particulier à l'horizon

Mais alors, comment aider les pêcheurs locaux qui alertent pourtant d'une mort à petit feu de la petite pêche française? Pour Agnès Pannier-Runacher, la préoccupation majeure n'est pas un statut particulier comme ces derniers le réclament, mais plutôt une adaptabilité des règles aux petits pêcheurs.

"Évidemment quand on est un petit bateau de pêche, qu'on pêche assez peu et qu'on ne s'éloigne pas trop des côtes, la manière dont on va appliquer les règles sera plus souple et proportionnée", promet-elle.

Les normes européennes sont par exemple imposées en premier aux gros pêcheurs afin de laisser plus de temps à la petite pêche. À ce stade, il n'y aura donc pas de statut particulier pour les petits pêcheurs, confirme finalement la ministre au micro de BFM Nice Côte d'Azur. "Ce n'est pas la taille de votre bateau qui dit exactement ce que vous faites. Il faut adapter en fonction de la réalité des activités."

En ce sens, la ministre a écrit à la Commission européenne pour lui faire part des "éléments d'adaptabilité" attendus par la France dans l'instauration des normes européennes.

"70% des bateaux de pêche sont des petits bateaux"

Les pêcheurs niçois ne sont pas les seuls à tirer la sonnette d'alarme. La situation est critiquée également par les professionnels de la mer de tous les littoraux français, en particulier ceux en mer du Nord et dans la Manche, qui font face à une concurrence britannique qui n'est pas soumise aux lois européennes et jugée déloyale.

En France, la petite pêche n'est pas anecdotique. "70% des bateaux de pêche sont des petits bateaux. Nous sommes loin d'avoir ces grands bateaux qui ravagent la mer, c'est vraiment la caricature de notre pêche", assure Agnès Pannier-Runacher.

Aujourd'hui, aucun représentant des petits pêcheurs français n'est convié à la table des discussions de l'Unoc.

"Ils sont en train de préparer notre avenir, mais pour l'instant, nous, on en a plus", pleure Hélène, pêcheuse à Marseille.

Un conseiller de la ministre de la Transition écologique a toutefois fait le déplacement lors de la manifestation des pêcheurs de la Méditerranée ce lundi à Nice pour discuter avec eux, et écouter leurs attentes. Une réunion leur a été proposée avec Agnès Pannier-Runacher.

Les pêcheurs ne ferment néanmoins pas la porte à d'autres actions pendant l'Unoc. Les professionnels du secteur corses ont d'ailleurs déjà commencé à bloquer des navires à Bonifacio.

Juliette Moreau Alvarez