"La mort de la pêche des Hauts-de-France": les pêcheurs inquiets par de nouvelles restrictions discutées à l'Unoc

Plus de 50 chefs d'État sont réunis depuis ce lundi 9 juin à Nice à l'occasion de la Conférence des nations unies sur l'océan. Un enjeu crucial pour la protection de nos océans, qui amène toutefois des inquiétudes du côté des professionnels de la mer.
Avec la réduction des zones de chalutage de fond dans les eaux françaises et le projet d'interdiction des zones de chalutage dans la moitié des aires marines protégées britanniques, une fois de plus les pêcheurs nordistes craignent pour leur avenir.
Les pêcheurs non écoutés
Ces annonces provoquent la colère et l'indignation d'Olivier Leprêtre, président du comité régional des pêches dans les Hauts-de-France. Pour lui, elles pointent du doigt les pêcheurs comme responsables de la situation difficile de la ressource.
"Entre tout ce qui se passe, je peux vous dire que si on nous interdit encore les aires marines protégées, c'est la mort de la pêche des Hauts-de-France", assure-t-il à BFM Grand Littoral.
Il déplore également que les chefs d'État réunis à Nice décident sans même écouter la réalité du terrain. Stéphane Pinto, vice-président du comité régional des pêches dans les Hauts-de-France, réclame de faire partie de la table des discussions.
Il alerte sur l'état de santé de la profession dans la région et les conséquences de certaines mesures qui pourraient être prises pendant ce sommet de l'Unoc.
"On peut imposer des choses aux pêcheurs de la région des Hauts-de-France, mais si derrière ça on voit des bateaux de 140 mètres venir pêcher dans ces mêmes eaux... En interdisant le chalutage dans ces eaux-là, on va encore réduire l'espace qui est déjà fortement occupé par un gigantisme."
"Le moral des pêcheurs n'est pas bon"
Les pêcheurs du littoral nordiste ont déjà été touchés ces dernières années par de nombreuses mesures qui ont mis à mal la profession.
Le Brexit, notamment, a fortement ralenti leurs activités face aux professionnels de la pêche britanniques qui ne sont plus contraints par la loi européenne, et la présence de grands chalutiers d'autres pays, tels que les Pays-Bas, n'aident pas les pêcheurs du Nord à réussir à vivre.
En moins de dix ans, la flottille boulonnaise a perdu plus de la moitié de ses bateaux de pêche.
"Aujourd'hui le moral des pêcheurs n'est pas bon. L'économie de la pêche à Boulogne est très difficile et si en plus on vient administrativement parlant contraindre encore plus la profession....", confie Stéphane Pinto à BFM Grand Littoral.
Si la proposition d'interdiction de pêche dans les aires marines protégées arrive à son terme, la France atteindra l'objectif de placer sous protection forte 10% de son domaine maritime dès 2026. L'Union européenne recommande, elle, de mettre fin aux chalutages dans les aires protégées à l'horizon 2030.