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Nice: la mairie suspend les distributions alimentaires place Garibaldi en raison de "nuisances", colère d'une association

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La ville de Nice a suspendu les distributions alimentaires menées par les associations au profit des précaires de la place Garibaldi. L'opposition de gauche dénonce une "chasse aux pauvres".

"Trop de désordre", de "déchets" laissés au sol... Afin de ramener le calme sur la place Garibaldi, la ville de Nice a annoncé le 31 janvier dernier auprès de Nice-Presse une nouvelle mesure: la suspension des distributions alimentaires menées par les associations au profit des précaires.

Une décision, qui vient répondre selon la mairie à une demande des riverains et des restaurateurs de retrouver de la "sérénité" dans le secteur. Toutefois cette mesure est loin d'être du goût de tous.

Une "ségrégation urbaine"

David Nakache, président du mouvement de gauche Tous citoyens fustige le choix de la mairie de Christian Estrosi et dénonce sur son site une "chasse aux pauvres [qui] continue à Nice".

"Cette politique, antisociale et contre productive, aura pour conséquence d'éloigner les personnes sans abri et de les regrouper près des lieux de distribution restants. La ville de Nice poursuit ainsi sa traque des personnes précaires", écrit-il.

Et de poursuivre: "cette stratégie porte un nom: la ségrégation urbaine. Le maire de Nice ne veut pas que la misère soit visible dans les zones touristiques de la ville."

Les distributions alimentaires sur la place Garibaldi concernaient 100, voire 200 bénéficiaires selon les moments de la semaine, organisées le matin au petit-déjeuner ou bien le soir, deux à trois fois par semaine.

"Des incivilités nombreuses"

Afin de lutter contre les incivilités, la mairie de Nice avait déjà pris il y a plusieurs semaines un arrêté pour interdire aux commerçants de la place niçoise la vente d'alcool entre 20 heures et 8 heures.

Aujourd'hui, le premier adjoint à la ville de Nice, Anthony Borré, défend cette nouvelle mesure et affirme qu'il est important de respecter des règles: "la propreté de l'espace public, ne pas fixer des sans domicile dans un quartier précis, qui après dorment sous des arcades, urinent et créent des désordres et des incivilités nombreuses".

"C'est la raison pour laquelle nous avons demandé, dans un dialogue avec l'association qui le faisait, de cesser les distributions alimentaires sur la place Garibaldi, qui n'ont d'ailleurs jamais été autorisées", poursuit l'élu.

Des distributions jamais autorisées, mais tolérées depuis de longues années par la mairie afin de ne pas faire de répression sur une œuvre charitable.

Le Secours populaire réclame plus de moyens

Anthony Borré évoque d'ailleurs un dialogue, les associations ayant été concertées pour trouver des solutions. Le Secours populaire lui-même est d'ailleurs d’accord pour constater que des dégradations ont eu lieu sur la place.

"Cela m'est arrivé récemment de faire une maraude, de m'être arrêté à Garibaldi et avoir très peu de sans domicile venir nous demander à manger", explique d'ailleurs Jean Stellittano, secrétaire départemental du Secours populaire dans les Alpes-Maritimes.

En se déplaçant sur la place, ce dernier raconte avoir vu "des personnes fortement alcoolisées, sous addiction et qui ne cherchaient pas à se rapprocher" des bénévoles. "C'est un tout autre public et les sans domicile que l'on avait l'habitude de voir n'étaient plus là", constate Jean Stellittano.

Conséquence, les maraudes et distributions fixes ont été déplacées dans d'autres lieux de la ville, comme à côté de l’accueil de jour de l'avenue du XVème Corps, précisément sous un pont non loin de là et à l’abri de la pluie. Autre lieu de distribution: devant l’église du vœu, mais aussi à Nice-nord du côté du jardin Thiole.

Par ailleurs, le Secours populaire dénonce l’augmentation de 20% du nombre de SDF dans les rues de Nice et demande plus de moyens

Pauline Renoir avec Alixan Lavorel