Mort de Ben: sur les hauteurs de Nice, l'artiste avait fait de sa maison-atelier un lieu à son image

L'artiste Benjamin Vautier, Ben, devant sa maison à Nice, le 1er décembre 2009. - Valery HACHE / AFP
Il y avait posé ses valises depuis 50 ans. Sur son site internet, l'artiste Ben expliquait vivre et travailler sur les hauteurs de Saint-Pancrace, une colline niçoise depuis 1975. C'est dans cette demeure qu'il a été retrouvé mort mercredi 5 mai, avec une balle dans la tête.
Connu pour ses célèbres inscriptions en blanc sur fond noir, Ben l'était aussi pour sa maison haut en couleur à Nice, ville où il habitait depuis ses 14 ans.

"Je continue à remplir"
Sa façade, surplombée par l'inscription "maioun del artista", et d'un autre panneau "foutez moi la paix!" était recouverte de ses oeuvres mais aussi d'objets divers, entre panneaux "rue à sens unique", horloge et autres inscriptions en tous genres.
"Je mets de côté, dans un coin, tout ce qui est à jeter puis je le cloue au plafond. Je continue à remplir", expliquait-il à BFMTV en 2016, nous ouvrant les portes de sa maison.

Des cactus dans des chaussures de ski, la statue d'une chouette dans un pneu, des mannequins de magasins, un crocodile rose, des baignoires, bidets et cuisinières remplis de terre: la maison et le jardin de Ben sont à l'image de son univers ludique.
"Qu'est-ce que le beau, qu'est-ce que le laid? On découvre que le beau et le laid peut changer. Ce qui est beau au 18e siècle est devenu laid", rappelait-il en 2016.
Une maison achetée en 1974
Cette maison-atelier à son image, Ben l'avait acheté en 1974. "Avec l’argent que m’a rapporté la vente à Beaubourg de mon magasin de disques, que j’avais créé à Nice, et qui a été démonté et remonté pour figurer dans les collections du musée national d’Art moderne", détaillait-il à Paris-Match en 2016.

Pour justifier sa tendance à accumuler, l'artiste né à Naples confiait à nos confrères être un "fils de Marcel Duchamp". "En hommage au fameux urinoir qu’il a transformé en œuvre d’art, quand je vois un bidet abandonné au bord de la route je m’arrête et je le récupère".
"Naturellement, ils finissent remplis de fleurs dans mon jardin. J’adore les vide-greniers, les brocantes, Emmaüs… Chaque fois j’en reviens avec la voiture pleine. Je dis à ma femme que ces objets m’ont donné des idées d’œuvres!", ajoutait-il.
D'après les premiers témoignages recueillis par BFM Nice Côte d'Azur, Ben s'est suicidé, n'ayant pas supporté de vivre sans sa femme qui est morte mardi 4 juin.
Annie, sa compagne, était souvent mentionnée par l'artiste, notamment dans sa newsletter, disponible sur son site internet. Dans un texte datant 17 mai, il écrivait même "je veux être enterré à Nice dans mon jardin près du potager d’Annie dans une baignoire".