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Mercantour: deux ans de prison avec sursis pour un guide après une avalanche mortelle

Le parc national du Mercantour

Le parc national du Mercantour - Google Street View

Un guide de haute montagne a été condamné, ce lundi 17 mars, à deux ans de prison avec sursis pour homicides involontaires suite à la mort de quatre de ses clients dans une avalanche.

Un guide de haute montagne a été condamné à deux ans de prison avec sursis pour homicides involontaires, ce lundi 17 mars, après le décès de quatre de ses clients dans une avalanche en mars 2018 dans le Mercantour (Alpes-Maritimes).

Le tribunal correctionnel de Nice a ainsi suivi les réquisitions du parquet, estimant que si la sortie, malgré un risque d'avalanche évalué à quatre sur une échelle de cinq, n'était pas déraisonnable, les manquements du guide avant et après le drame constituaient une faute caractérisée.

"Même si la perte d’Anne demeure une blessure indélébile, c’est un vrai soulagement pour mes clients de savoir que la Justice les a entendus. Nous appelons désormais de nos vœux une réflexion et une évolution sur les réglementations de sécurité en montagne et les obligations des guides", a déclaré l'avocate de la famille d'Anne bertrand , maitre Caty Richard, a BFM Nice Côte d'Azur.

150.000 euros de dommages et intérêts

Professionnel expérimenté et réputé prudent, ancien formateur de guides désormais retraité, ce guide âgé aujourd'hui de 68 ans se voit de plus interdit de toute activité liée à cette profession pendant cinq ans.

Le prévenu devra verser près de 150.000 euros de dommages et intérêts au total aux différents membres de la famille de la plus jeune des victimes qui s'étaient portés partie civile.

Le 2 mars 2018, il accompagnait cinq clients, qu'il connaissait pour certains de très longue date, quand une avalanche a tué quatre d'entre eux, âgés de 39 à 65 ans, devenant la plus meurtrière de cet hiver-là en France.

Lors de son procès fin janvier, le guide avait estimé avoir commis "des erreurs" mais pas de "faute". Il avait bien repéré les signaux indicateurs de danger et s'apprêtait à dire au groupe de faire demi-tour, quand il a laissé le groupe en bordure d'une forêt pour aller vérifier les conditions un peu plus loin.

À ce moment, le groupe a été emporté dans une première avalanche, puis le guide dans une seconde quasi-simultanée, dont il ne s'est dégagé que par miracle au prix de longs efforts.

Il a ensuite dégagé une randonneuse piégée jusqu'à la taille et a repéré deux corps inanimés. Estimant qu'il n'y avait plus d'espoir pour eux, il s'était éloigné pour trouver du réseau et appeler les secours.

Dans sa décision, le tribunal a estimé qu'il n'avait pas choisi l'itinéraire le plus sûr, qu'il aurait dû faire demi-tour plus tôt, et qu'il aurait dû laisser les randonneurs espacés dans la forêt plutôt que groupés à la lisière.

De plus, le tribunal a considéré qu'après l'avalanche, sa "fâcheuse déduction" quant au décès probable des randonneurs avait réduit à néant leurs infimes chances de survie.

Manon Aversa avec AFP