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"Des gens simples, sans histoire": des professeurs de deux victimes de l'incendie mortel à Nice témoignent

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Les deux professeurs évoquent un sentiment de "colère" face à l'origine criminelle de l'incendie mortel. Ils ont prévu d'aborder le sujet avec leurs élèves à la rentrée.

Le corps enseignant sous le choc. Près d'une semaine après l'incendie mortel qui a coûté les vies de sept personnes dans le quartier des Moulins à Nice, les professeurs de deux des victimes sont encore submergés par l'émotion.

Afrady, âgé de 17 ans, est mort dans l'incendie. Il était scolarisé au lycée des Eucalyptus, où il avait choisi de suivre les traces de son grand frère poursuivant une formation en carrosserie, réparation et peinture automobile. Il allait passer en terminale.

"Tous les professeurs tiraient un bilan positif de son année. Il avait même eu les tableaux d'honneur, il était tout le temps en progression", se rappelle Ludovic Legros, professeur principal d'Afrady. "C'est quelqu'un qui aurait réussi dans ce métier. Discret, gentil, il s'entendait avec tout le monde."

Un sentiment de colère

Le grand frère d'Afrady, âgé de 23 ans, a pu survivre à l'incendie en sautant par la fenêtre. Au sein du corps enseignant, les circonstances de l'incendie mortel génèrent beaucoup de colère.

Dans cette affaire, trois personnes ont pour le moment été interpellées et placées en garde à vue, et deux restent encore recherchées, pour avoir déclenché trois départs de feux dans l'immeuble.

"Déjà que c'était un drame, mais c'est ce qui nous met en colère, que ce ne soit pas accidentel", déclare Emmanuel Iemmolo, professeur de carrosserie. "C'était des gens simples, sans histoire, qui allaient toujours dans la bonne direction".

Une enquête a été ouverte des chefs de destruction par incendie en bande organisée ayant entraîné la mort et association de malfaiteurs.

"Comme si c'était un membre de ma famille"

Au-delà de la colère, c'est surtout beaucoup de tristesse que ressentent les professeurs, qui ont appris la mort de sept membres de la famille au lendemain de l'incendie.

"C’est la première fois que ça me touche comme ça dans ma carrière d’enseignant, vraiment, le décès d’un élève. J’étais vraiment comme si c’était un membre de ma famille, j’avais les larmes aux yeux et j’ai pleuré, parce que c’est quelque chose de terrible", se souvient Ludovic Legros.

Les enseignants savent d'ores et déjà qu'ils devront aborder le sujet avec leurs élèves à la rentrée, pour leur permettre d'exprimer leurs émotions. "Je pense qu'il va y avoir beaucoup de questions. Comme on l’a dit, il y en a peut-être beaucoup qui vont avoir ce sentiment de colère. On essaiera d’y répondre."

Les deux enseignants se doutent également que leurs élèves "auront à cœur de rendre hommage" aux victimes, même si la forme de cet hommage reste encore à déterminer. En attendant, les enseignants ont annoncé leur participation à la marche blanche qui a été organisée par des habitants du quartier des Moulins ce mercredi.

Dario Divialle, Kelly Vargin avec Laurène Rocheteau