Procureur accusé de laxisme par les élus à Digne-les-Bains: Eric Dupond-Moretti en visite en janvier

Le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, à l'Assemblée nationale, le 12 décembre 2023 à Paris. - Bertrand GUAY © 2019 AFP
Le courrier a fait son effet. Interrogé ce mercredi 20 décembre au Sénat sur la tribune signée par 60 maires des Alpes-de-Haute-Provence pour dénoncer le laxisme du parquet de Digne-les-Bains, Eric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice, a annoncé qu'il se rendrait dans le département au mois de janvier 2024.
Le garde des Sceaux a indiqué vouloir ce déplacement pour s'assurer "que le dialogue reprenne".
"Je me méfie toutefois des attaques ad hominem"
Interpellé au sénat par le sénateur Jean-Yves Roux lors des questions au gouvernement, l'ancien avocat indique avoir "reçu l'appel des maires" et assure que "le ministère de la Justice est à leur côté".
Dans leur tribune, les maires indiquaient que "le parquet affiche d’importantes lacunes qui nuisent à son efficacité au point que nos concitoyens perdent confiance en la justice. Nous, maires et élus du département, constatons une insuffisance quotidienne de la réponse pénale au moment même où les infractions en tout genre se multiplient".
Si son nom n’avait pas été écrit, un seul homme semble pourtant visé: Rémy Avon, le procureur de Digne-les-Bains, dont la politique pénale est décriée par des élus de premier plan du territoire.
Face à cela, le garde des Sceaux a précisé qu'il se "méfie toutefois des attaques ad hominem".
L'objectif de sa visite future est de permettre que "les discussions se poursuivent avec toutes les composantes de l'état". Pour Eric Dupond-Moretti, "la sécurité de nos compatriotes impose que tous les acteurs se mettent autour de la table".
Le parquet répond
Les maires signataires de cette tribune estiment qu'il leur est "difficile d'exercer" leur mandat "dans des conditions optimales". Ils dénoncent ainsi des poursuites judiciaires "trop rarement engagements" malgré leurs plaintes et signalements.
Les élus ont ainsi appelé le ministre de la Justice à "agir", au risque de voir les Alpes-de-Haute-Provence devenir "un territoire où les principes de la justice sont dévoyés", dans un contexte où les Français sont déjà "en colère" sur de nombreux sujets, comme le changement climatique ou encore la perte de pouvoir d'achat.
De son côté, le parquet a répondu aux édiles signataires. "Le parquet général de la cour d'appel d'Aix-en-Provence tient à rappeler que, dans un État de droit démocratique, la critique des décisions de justice ne saurait en aucun cas s'exprimer par la mise en cause personnelle des magistrats auteurs de ces décisions", a-t-il affirmé dans un communiqué.